Spotify répond à l’action en justice de Drake contre UMG, dénonçant des allégations « fausses » et réclamant son rejet
Le rappeur affirme que Spotify aurait aidé UMG à promouvoir Not Like Us de Kendrick, mais la plateforme rétorque que cette action constitue une « subversion » du système juridique et n’aurait jamais dû être déposée.
Spotify contre-attaque face aux accusations de Drake, selon lesquelles la plateforme aurait aidé Universal Music Group à gonfler artificiellement le succès de Not Like Us de Kendrick Lamar. Qualifiant ces allégations de « fausses », Spotify dénonce l’action en justice du rappeur comme une « subversion du processus judiciaire habituel ».
Ce nouveau dépôt marque la première réponse à une plainte déposée le mois dernier par Drake, qui accuse UMG et Spotify d’avoir mis en place un « stratagème » illégal impliquant des bots, de la payola et d’autres méthodes pour propulser la chanson de Lamar. Ce titre s’attaquait violemment à Drake dans le cadre d’une querelle persistante entre les deux stars.
Dans une requête déposée vendredi devant un tribunal de Manhattan, le géant du streaming affirme n’avoir trouvé aucune preuve étayant les accusations de manipulation par des bots et nie catégoriquement avoir conclu un accord avec UMG pour promouvoir la chanson de Lamar.
« La prémisse de toute la demande de l’auteur pour obtenir des informations de Spotify est fausse », écrivent les avocats de la plateforme. « Spotify et UMG n’ont jamais conclu un tel arrangement. »
Au-delà de leur démenti, les avocats de Spotify critiquent à plusieurs reprises Drake pour avoir porté l’affaire devant les tribunaux, qualifiant ses accusations de complot de « tirées par les cheveux » et « spéculatives ». Ils mettent également en doute la pertinence de l’implication de Spotify, qu’ils décrivent comme un « étranger » à la querelle de longue date entre Drake, Kendrick et UMG.
Spotify s’en prend également à la manière dont Drake a présenté ses accusations en justice — non pas via une véritable poursuite, mais par une requête inhabituelle de « pré-action » visant à exiger des informations. La plateforme accuse le rappeur de recourir à cette procédure « exceptionnelle » parce que ses allégations sont trop fragiles pour résister à une véritable plainte en justice et auraient été rapidement rejetées.
« Ce que le requérant cherche à faire ici, c’est contourner les exigences normales de procédure… et obtenir, par le biais d’une requête pré-action, ce à quoi il n’aurait droit que si sa plainte survivait à une requête en irrecevabilité », déclarent les avocats de Spotify. « Cette subversion du processus judiciaire habituel devrait être rejetée. »
Dans une déclaration à Billboard vendredi soir, l’équipe juridique de Drake, du cabinet Willkie Farr & Gallagher, a affirmé : « Il n’est pas surprenant que Spotify cherche à se distancier des pratiques prétendument manipulatrices de UMG pour gonfler artificiellement les chiffres de streaming au profit de l’un de ses autres artistes. Si Spotify et UMG n’ont rien à cacher, ils devraient se plier sans problème à cette demande d’information basique. »
Le mois dernier, Drake avait saisi la justice en accusant UMG de violer le Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act (RICO), une loi fédérale souvent utilisée contre le crime organisé. Il a également accusé Spotify d’avoir participé à ce stratagème en acceptant des frais de licence réduits en échange de recommandations de la chanson aux utilisateurs. Le lendemain, il a intenté une action similaire au Texas, affirmant qu’UMG l’avait diffamé en publiant une chanson l’accusant « faussement » d’être un « délinquant sexuel ».
Ces actions en justice marquent un tournant spectaculaire dans la querelle médiatisée entre les deux stars, qui s’étaient affrontées à coups de diss tracks cinglants plus tôt cette année. Qu’un rappeur porte une telle dispute devant les tribunaux semblait inimaginable à l’époque, et Drake a été moqué par certains dans le monde du hip-hop pour avoir pris cette initiative.
Ces actions illustrent également une rupture saisissante entre Drake et UMG, label auprès duquel le rappeur a passé toute sa carrière : d’abord via son contrat avec Young Money, l’empreinte de Lil Wayne distribuée par Republic Records, puis en signant directement avec Republic.
UMG n’a pas encore répondu officiellement à la plainte devant les tribunaux. Toutefois, dans une déclaration publiée à l’époque, le géant de la musique a qualifié les accusations de Drake d’« offensantes et fausses » : « Aucun argument juridique artificiel et absurde dans cette requête pré-action ne peut masquer le fait que ce sont les fans qui choisissent la musique qu’ils souhaitent écouter. »
Dans le dépôt de vendredi, Spotify a repris ces critiques, affirmant que les affaires civiles relevant du RICO sont difficiles à prouver, même avec des preuves solides, et que Drake n’en possède presque aucune : « La requête ne présente aucun fait concret en soutien des prétendues violations du RICO et des pratiques trompeuses », a écrit la plateforme. « Elle repose exclusivement sur des spéculations… ou sur les affirmations d’individus anonymes en ligne. »
Les avocats de Spotify ont particulièrement contesté l’idée que des armées de bots aient pu envahir la plateforme pour gonfler frauduleusement les écoutes de la chanson de Lamar, un sujet brûlant dans l’industrie musicale actuelle. Dans un affidavit joint au dépôt de vendredi, le vice-président musique de Spotify a témoigné sous serment que la société « investit massivement » dans des efforts pour « atténuer l’impact des écoutes artificielles sur notre plateforme ».
« Lorsque nous identifions des tentatives de manipulation des streams, nous prenons des mesures qui peuvent inclure la suppression des chiffres d’écoute, le blocage des redevances et l’application de pénalités financières », a déclaré David Kaefer dans le dépôt. « Les écoutes artificielles confirmées et suspectées sont également exclues de nos calculs de classements. Cela nous permet de protéger les paiements de redevances pour les artistes honnêtes et travailleurs. »
Cette histoire a été initialement publiée par Billboard Pro.