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Vague pendjabie : comment les artistes canadiens de la diaspora redéfinissent la musique planétaire

Malgré les tensions diplomatiques, ces artistes au sommet des palmarès mélangent influences traditionnelles et actuelles pour créer un nouveau son brouillant les frontières — et le monde en prend bonne note.

Ikky, Karan Aujla, AP Dhillon, Jonita Gandhi, Gurinder Gill

Ikky, Karan Aujla, AP Dhillon, Jonita Gandhi, Gurinder Gill photographiés le 22 août 2023 à Toronto

Ishmil Waterman, Lane Dorsey, Sasha Jairam/Billboard Canada

L’histoire de la musique pendjabie est en train de s’écrire au Canada. Une nouvelle vague d’artistes innovants de la diaspora brouille les frontières entre les genres et bat des records. Ils mélangent des sons traditionnels et actuels pour créer une musique qui leur est indéniablement propre — et elle se répand dans le monde entier.

Avec sa population énorme et son industrie cinématographique et musicale ultra-lucrative, l’Inde est l’un des principaux marchés du divertissement au monde. La musique pendjabie a émergé à part entière, des maisons de disques comme Mass Appeal, cofondée par la légende new-yorkaise du hip-hop Nas, et Universal Music allant même jusqu’à s’associer afin de mettre en lumière la musique provenant tant de l’Inde que de l’Amérique du Nord. Cette année, l’acteur et chanteur Diljit Dosanjh est devenu le premier artiste à se produire entièrement en pendjabi à Coachella.


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Ce n’est pas seulement un phénomène indien, mais également canadien. Sur le plan diplomatique, si les relations entre les deux pays sont soudainement instables, elles n’ont en rien atténué le pouvoir de la musique. Le Canada compte plus de 2,5 millions de personnes d’origine sud-asiatique, et elles sont à l’origine de certaines des musiques les plus populaires des deux côtés du monde. En 2022, 3 des 10 chansons les plus populaires en Inde ont été réalisées par des artistes canadiens. Sur la plateforme de diffusion en continu Spotify, le titre le plus écouté de l’année était Excuses d’AP Dhillon, Gurinder Gill et Intense, originaires de la Colombie-Britannique. Le Canada, où les artistes s’expriment librement et mélangent avec fluidité leurs influences culturelles, s’avère être un terrain fertile pour une musique qui décloisonne les genres, un mouvement à l’échelle internationale.

Collectivement, des artistes comme Dhillon, Gill, Karan Aujla, Jonita Gandhi et Ikky cumulent des milliards d’écoutes sur Spotify et YouTube et se produisent sur les plus grandes scènes du pays. Ils ont joué dans des documentaires, collaboré avec des vedettes du hip-hop comme YG et transformé un public qui ne parlait peut-être pas un mot de pendjabi en irréductibles du jour au lendemain.

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Malgré l’ampleur de leur succès, il a fallu bien du temps à l’industrie musicale canadienne pour reconnaître et soutenir ces artistes qui ont fait leurs preuves sans compromis. La situation commence enfin à changer, même en cette période houleuse.

Récemment, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a déclenché une crise diplomatique en accusant le gouvernement indien d’être potentiellement impliqué dans l’assassinat du militant sikh et citoyen canadien Hardeep Singh Nijjar. Depuis, les tensions se sont accrues entre les deux pays, et les artistes se sont simultanément retrouvés aux prises avec une surveillance injustifiée. Il y a quelques semaines à peine, le rappeur et chanteur canadien d’origine pendjabie Shubh a vu sa tournée en Inde annulée après qu’il eut essuyé des critiques pour avoir diffusé une œuvre d’art qui, selon lui, avait été mal interprétée politiquement.

« On essaie de créer de l’art qui aide les gens sur le plan individuel, peu importent leur couleur, leur race, leur religion, leur nationalité [ou] leur identité de genre », a récemment écrit Dhillon sur Instagram dans la foulée de l’annulation de la tournée de Shubh. « La division nous a amenés à ce point, mais l’unité est la clé de l’avenir. »

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Pour les artistes canado-pendjabis, ce n’est pas le moment de fuir les projecteurs. C’est le moment de s’engager et de faire entendre leur musique partout dans le monde. Ce sont des années de travail qui portent désormais leurs fruits, et ce, d’importante manière.

La musique pendjabie chez elle au Canada

Karan Aujla et Ikky ont tout pour s’enorgueillir.

Leur irrésistible album pop estival Making Memories a fait son entrée au cinquième rang du palmarès Billboard des albums canadiens ; il s’agit de la meilleure entrée pour un album pendjabi de l’histoire du Canada. À son lancement, il a supplanté Midnights, le plus récent album de celle qui est sans doute la plus grande vedette pop au monde.

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« Tous mes amis plaisantaient en me disant : “Yo, tu as dépassé Taylor Swift!” », raconte Aujla à Billboard Canada. « Quand on a vu les chiffres et la marque, on s’est dit, okay, il se passe quelque chose ici. »

Karan AujlaKaran Aujla photographiée le 22 août 2023 à TorontoIshmil Waterman/Billboard Canada


L’été passé, Warner Music Canada et Warner Music India se sont associées pour lancer 91 North Records, une nouvelle maison de disques visant à soutenir les artistes sud-asiatiques au-delà des frontières. Lors du lancement, qui a eu lieu dans leurs nouveaux bureaux à Toronto, la présidente de Warner Music Canada, Kristen Burke, a déclaré que l’étiquette reflétait les changements importants survenus dans l’industrie musicale canadienne.

L’essor des plateformes d’écoute en continu et des réseaux sociaux comme TikTok a permis à la musique de jouir d’une visibilité mondiale transcendant la radio locale et ouvert la porte à des sonorités nouvelles et différentes. Des artistes de partout dans le monde gagnent en popularité, les artistes pendjabis en particulier. « Cette musique mérite une plateforme mondiale et une étiquette qui lui est vouée, à Toronto », affirme-t-elle.

Ikky, producteur de 22 ans, né Ikwinder Singh, est le directeur créatif de la maison de disques. Jonita Gandhi est l’une de ses premières recrues. L’artiste, qui chante dans diverses langues régionales indiennes, notamment l’hindi, le tamoul, le télougou et le pendjabi, confie avoir parfois du mal à savoir à quel monde elle appartient, mais qu’elle se sent chez elle au sein de 91 North. « J’ai l’impression d’être enfin vue », a-t-elle dit lors du lancement.

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Ikky souligne que 91 North lui donne l’occasion de voir plus loin et de construire un front uni au sein de la nouvelle vague pendjabie. L’objectif, dit-il, est d’amener les artistes pendjabis à un niveau où ils peuvent rivaliser aux côtés des plus grands artistes du monde. Selon lui, ce dont de nombreux artistes indiens ont désespérément besoin, ce n’est pas que d’une portée mondiale, mais également de réelles maisons de disques.

Aujla avoue avoir lutté sur ce plan avant de signer un contrat avec Warner Canada et Warner India. Natif du petit village de Ghurala dans l’État du Pendjab, en Inde, il s’est installé à Surrey, en Colombie-Britannique, à l’âge de 17 ans et a amorcé sa carrière en écrivant pour d’autres artistes. Mais il ignorait combien il était censé être rémunéré pour son travail. Il n’avait jamais entendu parler de la SOCAN, qui défend les droits des créateurs et éditeurs de musique au Canada.

« Quand j’étais jeune, je ne savais pas ce que je faisais. J’avais vraiment besoin d’aide, dit-il. J’ai écrit plus d’une centaine de chansons et je ne savais pas que j’étais censé percevoir des droits d’auteur. Des personnes autour de moi en ont profité. Et cela se produit encore souvent au Pendjab. Ça doit être corrigé le plus rapidement possible. »

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Chez eux, dit-il, des gens vont jusqu’à payer des chaînes de télévision et des maisons de disques afin qu’elles diffusent leur musique, et non l’inverse. « Ils ne connaissent pas l’aspect commercial de la musique, dit-il. Mais maintenant, ils commencent à le savoir. »

Frayer la voie

AP Dhillon est l’une des plus grandes vedettes de la musique pendjabie ; son mélange de rythmes trap et de lyrisme mélodique en a fait un roi de la culture pendjabie tant en Inde qu’en Amérique du Nord. Diffusée sur Prime Video, la récente série documentaire AP Dhillon : First of a Kind, qui relate son ascension fulgurante, suit Dhillon, ses collaborateurs Shinda Kahlon et Gurinder Gill, ainsi que sa petite équipe chez Run-Up Records alors qu’ils entament leur première tournée canadienne.

Le tout premier spectacle de Dhillon a eu lieu à la patinoire de hockey de sa ville natale, le Rogers Arena de Vancouver, qui compte près de 19 000 places, et le nombre de spectateurs n’a depuis cessé de croître. Même s’il se produit dans d’immenses salles, le fait d’avoir une petite équipe indépendante l’aide à rester aux commandes de sa vision, lui qui touche à tout, tant à la production qu’à la réalisation des vidéoclips. Mais ce n’était pas un choix conscient ; c’était une nécessité.

AP DhillonAP Dhillon photographié le 22 août 2023 à TorontoIshmil Waterman/Billboard Canada

« Au début, j’ai essayé d’envoyer ma musique à quelques étiquettes, à des gens de l’industrie. J’ai essayé de joindre des producteurs, raconte Dhillon. Ça n’allait nulle part. Ils ne saisissaient pas ce que je faisais. Ils disaient : “Ce n’est pas tout à fait ça.” Alors on a continué, continué, continué, et on ne s’est pas arrêtés. »

Gurinder Gill, son ex-collaborateur qui mène aujourd’hui de front sa propre carrière, n’avait même jamais assisté à un concert avant de se produire devant des foules de plus de 10 000 personnes.

Gurinder GillGurinder Gill photographié le 22 août 2023 à TorontoIshmil Waterman/Billboard Canada

« Le premier concert auquel on a assisté, c’était le nôtre, dit-il. Un jour, tu mènes ta vie normale, puis, boum, l’instant d’après, tu te retrouves sur une scène devant une foule de gens qui acclament ta musique, qui crient ton nom. C’est juste une bénédiction. »

Pour les grands organisateurs de concerts, les chiffres sont devenus trop importants pour les ignorer. Baldeep Randhawa, acheteur de spectacles chez Live Nation, affirme que l’entreprise cultive de grands projets pour les artistes pendjabis au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni. « Nous travaillons collectivement sur ce projet à l’échelle mondiale pour vraiment mettre de l’huile sur le feu », dit-il de son bureau à Vancouver.

Puisqu’il a été habitué de voir de grands artistes pendjabis se produire lors de banquets ou de mariages, son objectif premier était de faire tomber les barrières et de les amener dans des « salles convenables » d’une capacité de 500 personnes et plus. La croissance s’est avérée tellement fulgurante que l’entreprise vise désormais bien plus haut : les stades. Il s’agit d’un objectif que des artistes comme Dhillon et Diljit Dosanjh peuvent tout à fait atteindre, eux qui ont déjà facilement rempli les stades de villes comme Toronto et Vancouver. Mais la stratégie fait aussi la part belle aux artistes émergents, comme Prabh, qui vit à Calgary, qui compte déjà des dizaines de millions d’écoutes en ligne. Souvent, cela signifie leur apporter un soutien auquel ils n’ont jamais eu accès, comme des relations publiques, de la gestion ou des conseils en matière de marchandise.

Il s’agit là de quelque chose de nouveau pour de nombreux artistes pendjabis, qui sont capables de générer rapidement un nombre faramineux d’écoutes sur les plateformes sans toutefois bénéficier des outils pour en tirer adéquatement profit. Avant de venir étudier au Canada en 2015, Gill n’envisageait pas sérieusement une carrière en musique. Bien qu’il ait participé à des concours de chant au Pendjab, c’est au sein d’une bande d’amis partageant sa passion pour la musique qu’il a compris qu’elle pouvait être plus qu’un passe-temps.

« On n’était pas financièrement stables [au début], on terminait nos études, dit-il. Lorsqu’on a commencé à prendre la musique au sérieux, ça a demandé beaucoup de travail. On devait tout faire nous-mêmes. »

Aujourd’hui, ses chansons cumulent des milliards d’écoutes dans le monde. Son premier album solo, Hard Choices, sorti à l’été 2023 chez Run-Up Records, met en valeur ses prouesses lyriques fusionnant imagerie pendjabie, mélodies et jeux de mots assumés sur des rythmes trap et hip-hop. Sa musique fait montre d’un désir d’innover, que partagent ses pairs.

« On essaie toujours de faire quelque chose de nouveau, quelque chose qui n’a jamais été fait, dit-il. C’est pourquoi nos chansons ont un son différent aux oreilles de notre industrie ou du grand public. »

Un son qui traverse les frontières

Le nouveau son de la musique pendjabie reflète davantage une sensibilité qu’un genre. Combinant des styles traditionnels et des éléments de hip-hop, de R’n’B et de musique électronique, c’est une musique qui ne s’encombre d’aucune limite.

Le bhangra, une danse et une musique folkloriques entraînantes originaires du Pendjab qui célébrait à l’origine la saison des récoltes, est connu pour être accompagné d’instruments comme le tambour dhol. Constatant un manque de lourdes basses, des artistes ont commencé, dans les années 80 et 90, à les fusionner avec les influences funk, reggae, dub et garage des sonorités britanniques. Ce faisant, les artistes ont réussi à captiver les jeunes qui, autrement, auraient pu être coupés de leur langue, leur art et leur culture — ce qui est de plus en plus difficile à préserver au fil des vagues de migration s’échelonnant sur des générations.

Suivant cette tradition, les artistes canado-pendjabis se sont fait connaître en créant une musique qui reflète les influences leur étant propres. Ce qui est particulièrement vrai dans les villes multiculturelles comme Toronto, où circule de manière organique une variété de sons.

Gandhi, qui s’est fait dire que sa musique était « trop indienne » ou « trop occidentale » tout au long de sa carrière, dit apprécier désormais le mélange d’influences mondiales qui ont défini ses premiers pas musicaux à Brampton, ville du Grand Toronto. « Le fait d’être exposée dans mon école à tant de cultures différentes et à des gens du monde entier m’a fait découvrir de la musique que je n’aurais peut-être pas entendue si j’avais grandi ailleurs », relate-t-elle.

Jonita GandhiJonita Gandhi photographiée le 22 août 2023 à TorontoIshmil Waterman/Billboard Canada


Ikky, qui est né dans la banlieue de Rexdale et vit maintenant à Brampton, affirme que sa musique est également indissociable de son éducation. L’essence de son héritage pendjabie est inhérente à tout ce qu’il fait, tout comme le reggae, le dancehall, le hip-hop et le R’n’B, car ce sont les influences dans lesquelles il a baigné en grandissant. « Notre diversité est folle à Toronto, dit-il, suffisamment pour que l’on puisse injecter ces cultures à sa musique sans même s’en rendre compte. »

Ikky a poussé Aujla à élargir ses influences lors de l’enregistrement de Making Memories à Toronto. Aucun de ses collaborateurs ne parlait pendjabi, mais ils ont construit un langage musical commun en studio en improvisant et en s’échangeant des disques. Ikky a concocté une liste musicale d’inspiration sur Spotify allant du hip-hop (Drake, J. Cole, Mobb Deep, 50 Cent, DJ Khaled) au R’n’B (Aaliyah, Ashanti, Keyshia Cole) en passant par le reggae (Wayne Wonder) et les ancêtres canado-pendjabis (Jazzy B). L’on peut entendre toutes ces influences se fusionner naturellement dans les sonorités de la musique.

Aujla est fier d’être avant tout un auteur, mais il se réjouit également du public interculturel que rallie sa musique. Grand admirateur de Bad Bunny, il a récemment écouté de manière compulsive l’artiste portoricain, essayant de comprendre de quelle manière ses mélodies parviennent à être si universelles malgré la barrière de la langue. Les artistes latino-américains dominent les palmarès en Amérique latine et ailleurs, et cette popularité mondiale est à la portée des artistes pendjabis.

« C’est juste une chose que l’on doit régler, et ce qui s’est passé avec la musique espagnole pourrait se produire avec la musique pendjabie, affirme Aujla. On travaille jour et nuit à obtenir le bon son, la bonne mélodie qui traversera le monde entier. »

Un son qui dure

Pendant ce temps, ces artistes luttent toujours pour être reconnus dans leur propre pays.

Cette année aux prix Juno, Dhillon a créé un précédent. Vêtu d’un élégant smoking blanc, il a chanté son récent extrait Summer High, donnant la toute première prestation en pendjabi de l’histoire du plus grand gala musical du Canada. Il s’agissait d’un grand moment de reconnaissance de la part de l’industrie, mais Dhillon a déclaré qu’il s’était battu pour s’assurer que ce ne soit pas qu’une nouveauté ou un cas isolé.

« J’ai eu une grosse discussion avec eux avant de jouer. J’ai dit : “Je suis honoré de le faire. Mais il y a une condition : il faut faire de la place à mon peuple.” Ce ne devait pas être juste une prestation singulière dans le but de vendre des billets pour les Juno et que ça s’arrête là. La musique pendjabie est là pour de bon. »

Les musiciens constatent le changement, et pas seulement là où on pourrait s’y attendre.

Cet été, Ikky était de la programmation du Stampede de Calgary, un festival annuel reconnu pour ses rodéos et ses bottes de cow-boy. Ikky, qui est sikh et porte un turban, a tenu compte des avertissements voulant que la population albertaine subisse plus de racisme que la population ontarienne. Sachant qu’il serait le premier artiste pendjabi à s’y produire, il était prêt à jouer des chansons country. Mais ses plans ont vite changé.

« J’avais l’intention de jouer du Morgan Wallen. C’est vraiment ce que je pensais faire, se souvient-il en riant. Mais dès que j’ai vu la mixité des gens, je me suis dit que non, il fallait qu’on y aille à fond en pendjabi. On devait leur donner ce qui définit la musique pendjabie. »

IkkyIkky photographié le 22 août 2023 à TorontoIshmil Waterman/Billboard Canada

À la fin de la prestation, les gens avaient quitté les files d’attente des manèges pour entendre la musique qui émanait d’une scène dans la rue ; à la fin, la foule s’élevait à environ un millier de personnes. « C’est à ce moment-là que j’ai pensé : okay, tu fais la bonne chose. Garde le pied sur l’accélérateur. »

C’est toujours le cas, même si des artistes comme Shubh (avec qui Ikky a collaboré sur Baller l’année dernière) se heurtent à des obstacles quant à la liberté d’expression et risquent d’être mal-interprétés pour ce qu’ils disent ou ne disent pas. D’une certaine façon, cela montre à quel point leur musique résonne.

« Ça nous fait un peu peur, mais en même temps, ça démontre notre pouvoir, explique Ikky. En tant qu’artistes, notre voix est suffisamment forte pour ébranler un pays. »

Par le passé, des artistes grand public ont déjà tenté de mélanger les styles, de la collaboration du début des années 2000 entre Panjabi MC et Jay-Z, Beware of the Boys, qui allie bhangra et hip-hop, à la version « internationale » du mégasuccès de 2002 de Shania Twain Up! Or, si ces fusions ont été considérées comme des nouveautés sans lendemain, la nouvelle vague d’artistes pendjabis, elle, construit les bases pour que sa musique perdure.

Le rappeur Sidhu Moose Wala, qui résidait à Brampton, a été un pionnier de la scène pendjabie grand public. Assassiné de manière tragique en Inde en 2022, l’année même où son album Moosetape était alors devenu l’album pendjabi le mieux classé au Canada, il ne peut savourer aujourd’hui le succès de cette nouvelle vague, dont font partie nombre d’artistes qui ont collaboré avec lui ou s’en sont inspirés. C’est pourquoi ces artistes soulignent l’importance de s’unir afin de s’élever les uns les autres et d’ouvrir la voie à la prochaine génération.

AP Dhillon affirme que l’industrie évolue rapidement. Quand sa carrière a pris son envol, les maisons de disques ne saisissaient pas la valeur de ce que ses pairs et lui accomplissaient. Aujourd’hui, à l’instar des milliards de personnes qui écoutent ces artistes sur YouTube et qui remplissent les salles, elles ont les yeux rivés sur ce qui se passe.

« Il y a quelques années, personne n’y prêtait attention, conclut Dhillon. Maintenant, les gens y prêtent attention. »

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