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Comment le festival Osheaga de Montréal repère les plus grands artistes de demain juste avant leur percée

Le festival de trois jours a ce don unique d’attirer des foules lors des concerts de ses artistes en émergence, comme Chappell Roan en 2024, ainsi que Doechii et Gracie Abrams en 2025. Voici un aperçu des coulisses de la programmation du festival et un regard privilégié sur son légendaire univers artistique.

Glass Animals performs at Osheaga 2025.​

Glass Animals se produit à Osheaga 2025.

Charlotte Rainville (@jailli)

C’était la deuxième soirée d’Osheaga, le 2 août, quand Nick Farkas prenait un moment pour souffler après ce qu’il qualifiait de « bon set de rock de papa » avec Whitney, Future Islands et TV On The Radio. Soudain, son téléphone s’est mis à vibrer sans arrêt.

« Mon téléphone a explosé sans prévenir », raconte-t-il. « J’ai attrapé une voiturette de golf et j’ai filé directement vers la caravane du météorologue. »


Fondateur d’Osheaga et vice-président principal des réservations, concerts et événements chez Evenko, Farkas a vite appris qu’un orage menaçait de tomber à tout instant.

Gracie Abrams jouait depuis près d’une heure lorsque le ciel s’est obscurci. Les festivaliers VIP se sont rués vers les terrasses exclusives, cherchant un abri. Certains se sont même réfugiés sous les tables, levant des tabourets au-dessus de leur tête, dans l’attente que la tempête passe.

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Lorsqu’on programme un festival de la taille d’Osheaga, beaucoup d’éléments peuvent être contrôlés… mais pas tout. La météo, par exemple, ni l’imprévisible coupure d’un artiste.

D’une certaine façon, l’équipe d’Evenko, les promoteurs québécois derrière le festival montréalais, est devenue experte pour dénicher la prochaine grande sensation.

Gracie Abrams n’aurait pas pu occuper cette place si son succès n’avait pas explosé l’an dernier. Farkas explique que l’auteure-compositrice-interprète avait été programmée plus d’un an et demi à l’avance, initialement pour un passage en début d’après-midi. Mais sa popularité grandissante, notamment grâce à sa première partie sur la tournée Eras de Taylor Swift, lui a valu d’être promue au rang de sous-tête d’affiche. Son tube « That’s So True » a même atteint la première place du Billboard Canadian Hot 100 l’an dernier. Ironie du sort : elle n’a pas pu la jouer ce soir-là à cause de la pluie.

Gracie Abrams performs at Osheaga 2025. Gracie Abrams se produit à Osheaga 2025. Tim Snow via Osheaga

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Ce n’est pas une nouveauté pour Osheaga. L’an dernier, Chappell Roan avait joué sous le soleil brûlant de l’après-midi, offrant ce qui semblait être l’un des concerts les plus marquants du festival, aux côtés des têtes d’affiche.

« Bien sûr, ça aurait été génial de la programmer plus tard, mais j’adore qu’il y ait eu 40 000 personnes pour la voir », confie Farkas. « J’adore qu’elle ait joué juste avant Rancid. J’adore tout dans ce show. »

Osheaga s’est fait une spécialité de prédire qui dominera bientôt les palmarès canadiens, parfois bien avant que ça ne devienne officiel. Alex Warren, par exemple, a enchaîné 17 semaines au sommet du Canadian Hot 100 avec « Ordinary ». Comme Chappell Roan l’an dernier, il a pu interpréter son tube tôt en journée devant un public de fans venus exprès pour l’écouter.

Shaboozey, qui a déjà connu les sommets des charts, a même joué deux fois d’affilée son ancien hit numéro un, « A Bar Song (Tipsy) ».

Et puis il y a Doechii.

« On l’a engagée alors qu’elle était en pleine ascension », explique Farkas. « Maintenant, elle remporte des Grammy Awards et elle est vraiment au sommet de sa forme. »

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Aucun de ces artistes n’était officiellement tête d’affiche. Cette distinction revient à The Killers, Tyler, The Creator et Olivia Rodrigo. Mais la présence d’Evenko sur le long terme crée une valeur ajoutée à toute la programmation.

« On ne veut pas que ce soit un festival qui perde sa pertinence une fois le sommet atteint », affirme Farkas. « Pour moi, c’est cet effet « wow », c’est ce qui rend Osheaga si spécial. »

Tyler, The Creator avait donné un concert quelques semaines avant Osheaga au Centre Bell de Montréal, mais après avoir lancé par surprise son nouvel album Don’t Tap The Glass durant sa tournée Chromakopia, il a finalement offert deux shows très différents. Encore une fois, un imprévu qu’ils n’avaient pas prévu, mais qui a payé.

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Comme les tournées sont une étape clé dans la carrière des artistes, ces décisions doivent être prises de plus en plus à l’avance, précise Farkas. Il révèle que les deux tiers des têtes d’affiche sont déjà confirmées pour Osheaga 2026, et qu’une tête d’affiche est même envisagée pour Osheaga 2027.

Il s’agit de trouver un équilibre. Osheaga s’adresse à un public diversifié : les scènes principales attirent généralement environ 40 000 personnes, tandis que les deux scènes secondaires réunissent entre 15 000 et 20 000 festivaliers. Il y a aussi la scène Island, dédiée à la musique électronique — qui a accueilli des artistes comme James Hype et Sammy Virji — en partenariat avec Piknic Électronik, ainsi que la scène SiriusXM, axée sur la scène locale. Chaque festivalier devrait toujours avoir plusieurs choix, avec une offre variée de genres musicaux.

The main stage crowd at Osheaga on Saturday, Aug. 2. La foule sur la scène principale d'Osheaga le samedi 2 août. Tim Snow via Osheaga

Certains artistes locaux jouent aussi le rôle de « secours » en cas de désistement ou de déplacement d’un autre artiste. Cette année, le groupe montréalais Group Project a ainsi été promu sur la scène principale, tandis que Magi Merlin a été ajouté à la programmation. C’est une belle opportunité pour ces artistes en quête d’une vitrine de choix. Ils ont accès à l’Artist World, un espace où ils peuvent vivre l’expérience complète du festival, peu importe où, quand et s’ils jouent.

Bien que cette zone soit inaccessible aux festivaliers payants, l’Artist World est au cœur du succès d’Osheaga. Véritable carte de visite du festival, il est devenu légendaire pour sa gastronomie et son hospitalité. Dès ses débuts, le célèbre chef Chuck Hughes avait lancé un programme culinaire, et aujourd’hui, l’espace propose des plats signés Mon Lapin et Au Pied de Cochon, deux institutions montréalaises reconnues mondialement. Les artistes présents peuvent ainsi savourer un sandwich à la viande fumée et à la moutarde à l’érable, servi sur un beignet signé par le chef Martin Picard, en attendant leur passage sur scène.

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« C’est une expérience qui ne s’achète pas », souligne Melissa Giampaolo, vice-présidente marketing et gestion des festivals chez Evenko — et l’une des Power Players 2025 de Billboard Canada — lors de notre visite guidée de l’endroit.

Massages, salon de coiffure PRIVÉ par David D’Amours, nombreux espaces pour se détendre ou échanger avec d’autres artistes : tout est pensé pour leur confort. Un espace banquet complet est aussi disponible pour accueillir sponsors et partenaires, un atout essentiel au financement du festival.

Banquet area at Osheaga's Artist World. Espace banquet au Monde des artistes d'Osheaga. Julio Alejandro via Osheaga

À ses débuts en 2006, ces aspects n’étaient pas encore clairement définis. Evenko, le plus grand promoteur de concerts au Québec — majoritairement détenu par le Groupe CH, propriétaire des Canadiens de Montréal et du Centre Bell, et en partie par Live Nation — savait organiser de grands shows, mais a mis du temps à saisir l’importance de l’expérience offerte aux fans.

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« La première année, on était essentiellement une compagnie d’aréna qui organisait un festival », explique Farkas.

La restauration ne se limite plus aux traditionnels hot-dogs et pizzas, mais s’ouvre à des stands comme le célèbre bagel St. Viateur. Plusieurs niveaux VIP sont proposés, avec notamment des terrasses surélevées offrant une vue sur la ville, ainsi que des navettes en voiturettes de golf.

Les artistes locaux sont au cœur de toute la création artistique d’Osheaga. Pour une troisième année consécutive, Franco Égalité a signé l’identité visuelle, le dépliant et la murale du festival, tandis que l’illustratrice La Charbonne est responsable de l’image de marque complète de l’Artist World.

« Montréal est une ville incroyable », souligne Farkas. « On y trouve une cuisine exceptionnelle, un art vibrant et une culture unique. On voulait vraiment s’approprier Montréal et la transporter sur l’île, pour en faire un microcosme de la ville. »

Franco \u00c9galit\u00e9 working on the Osheaga 2025 mural. Franco Égalité travaille sur la murale d'Osheaga 2025. Susan Moss via Osheaga

Créer chaque année un environnement festif idéal demande un travail colossal, d’autant plus que la Ville ne permet pas aux promoteurs de laisser leurs installations au parc Jean-Drapeau après l’été. Ils doivent tout reconstruire de zéro chaque année.

Cette année, la salle a aussi accueilli deux concerts de The Weeknd, d’une capacité de plus de 50 000 spectateurs, les 24 et 25 juillet, soit le week-end juste avant Osheaga. Cela a entraîné un report de cinq jours dans la construction des scènes du festival, obligeant l’équipe à travailler d’arrache-pied pour tout monter en un temps record.

Pour maximiser l’impact de ces événements, Evenko organise désormais trois week-ends de festival consécutifs : Osheaga, ÎleSoniq — spécialisé en musique électronique —, puis le festival country Lasso, qui aura lieu les 15 et 16 août. L’entreprise expérimente aussi la présence d’artistes multi-festivals, comme Shaboozey, qui se produira à la fois à Osheaga et à Lasso.

Cette année, une journée d’Osheaga affichait complet : le 2 août, avec 55 000 personnes présentes pour le concert de Tyler, en tête d’affiche. Sur les trois jours, le festival a attiré 142 000 festivaliers, à peine 3 000 de moins que le record de 145 000 en 2023.

The main stage crowd during Gracie Abrams' set on Aug. 2, Osheaga 2025's sold-out date. La foule sur la scène principale lors du spectacle de Gracie Abrams le 2 août, à guichets fermés pour Osheaga 2025. Tim Snow via Osheaga

Aujourd’hui, Osheaga est reconnu comme l’un des festivals les plus importants et populaires du Canada. Mais tout ne fut pas aussi évident au départ, en 2006.

« Le festival a énormément évolué. Sa croissance a été phénoménale », souligne Giampaolo. « Mais les débuts étaient très différents. Je me souviens des questions qu’on se posait : “Va-t-on continuer à investir autant et à prendre autant de risques ?” Aujourd’hui, on se dit : “Waouh, c’est un immense succès.” Et c’est vrai, c’est incroyable. Mais il faut savoir investir pour en arriver là. »

Le tournant majeur est survenu en 2011, lorsque Eminem est devenu la tête d’affiche principale, permettant d’étendre le festival de deux à trois jours. Cette même année, l’événement a été déplacé d’une semaine, au premier week-end d’août, un long week-end en Ontario d’où proviennent plus de 40 % des festivaliers. En moyenne, environ 60 % des participants viennent de l’extérieur du Québec, notamment des États-Unis et d’autres régions hors Amérique du Nord.

Après près de deux décennies, Osheaga est devenu un rendez-vous incontournable de l’été canadien — un moment fort pour les locaux comme pour les passionnés de musique venus du monde entier —, mais il reste tributaire de ces instants imprévisibles et magiques.

« Parfois, on a de la chance », conclut Farkas. « Et parfois, ça fonctionne vraiment. »

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Photo de courtoisie

Karan Aujla

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