Les musiciens canadiens ont marqué les Grammy Awards 2025 de leur empreinte
The Weeknd a surpris en mettant fin à son boycott des Grammys avec une performance inattendue. Drake était absent, mais Kendrick Lamar a tout de même fait sensation. Retour sur les moments marquants de l’année pour les artistes canadiens.
Les Grammys de cette année ont été riches en rebondissements, avec des victoires historiques pour Beyoncé et Kendrick Lamar, tandis que la pop a brillé sur scène.
Les artistes canadiens étaient bien représentés, y compris certains absents physiquement, et plusieurs figuraient parmi les nommés dans les catégories de composition et de production. Voici les moments canadiens les plus marquants de la soirée :
The Weeknd met fin à son boycott des Grammy Awards
En 2021, The Weeknd avait annoncé qu'il ne remettrait plus les pieds aux Grammy Awards après l'absence totale de nominations pour son album à succès After Hours, sorti en 2020. Il dénonçait alors le manque de transparence du processus de vote, parmi d'autres problèmes structurels.
Quatre ans plus tard, la Recording Academy a opéré des changements majeurs. Son PDG, Harvey Mason Jr., est monté sur scène hier soir pour souligner les efforts de modernisation et de diversification des Grammys : 66 % des membres de l’Académie sont nouveaux et 40 % sont désormais des personnes racisées.
Pour symboliser ce renouveau, Mason Jr. a accueilli The Weeknd pour une prestation surprise. Fraîchement auréolé de la sortie de son très attendu Hurry Up Tomorrow, l’artiste a interprété ses nouveaux titres « Cry For Me » et « Timeless », accompagné d’un invité spécial, Playboi Carti, et d’une troupe de danseurs livrant une chorégraphie à la fois élégante et inquiétante. Un retour en grande pompe, teinté d’un certain mystère, fidèle à l’univers de The Weeknd.
Beyoncé remporte enfin le gros lot, avec l'aide d'auteurs-compositeurs canadiens
La musicienne la plus récompensée de l’histoire des Grammy Awards a enfin décroché le trophée qui lui échappait. Avec 35 victoires et 99 nominations en carrière, Beyoncé avait déjà été recalée à quatre reprises pour l’album de l’année, s’inclinant face à Taylor Swift en 2010, Beck en 2015, Adele en 2020 et Harry Styles en 2023. Chaque fois, ses défaites concernaient des albums qui ont marqué la culture populaire, de I Am... Sasha Fierce à Renaissance, en passant par son disque éponyme et Lemonade.
Cette année, elle a enfin triomphé, remportant l’album de l’année pour Cowboy Carter, en plus du prix du meilleur album country. Une victoire historique pour celle que Billboard considère comme la plus grande pop star du 21ᵉ siècle, récompensée pour un album qui célèbre les contributions des musiciens noirs à la country tout en brouillant les frontières entre country, pop, dance et R&B. (Sans oublier sa réaction, visiblement surprise par sa victoire dans la catégorie country, qui est déjà devenue un mème – un rare moment de nervosité pour Queen Bey.)
Cowboy Carter a également bénéficié d’importantes contributions canadiennes : les auteurs Nate Ferraro, Bülow et Lowell (récemment lauréat du premier Billboard Canada Non-Performing Songwriter Award) ont coécrit le premier titre « Texas Hold ’Em », tandis que Dave Hamelin, ex-membre de The Stills, a coécrit et produit une demi-douzaine de titres. Grâce à son travail, Hamelin repartira lui aussi avec un Grammy pour l’album de l’année.
Un autre auteur-compositeur canadien s’est démarqué dans une autre catégorie : le Torontois Scott Zhang a remporté le prix de la meilleure chanson R&B pour son travail sur « Saturn » de SZA. Quant au chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin, il s’est illustré en raflant le prix de la meilleure bande sonore de compilation pour son travail sur Maestro, de Bradley Cooper.
Spiritbox a un moment viral sur le tapis rouge
Le groupe de métal Spiritbox, originaire de Victoria en Colombie-Britannique, était en lice pour la meilleure performance métal pour une deuxième année consécutive. Leur morceau « Cellar Door » n’a pas décroché le Grammy, mais ils ont tout de même marqué la soirée avec un moment déjà culte sur le tapis rouge.
Lorsqu’un journaliste a confondu la chanteuse Courtney LaPlante avec l’artiste pop Poppy, elle a décidé de jouer le jeu sans broncher.
« Je suis Poppy et je suis ravie d’être ici, nominée aux côtés de Knocked Loose », a-t-elle répondu avec un sérieux désarmant. « J’espère vraiment que nous allons gagner. »
L’intervieweur, visiblement inconscient de la méprise, a poursuivi ses questions sur Poppy, et LaPlante a continué dans son rôle avec un flegme imperturbable. « Je serais la première femme à remporter ce prix », a-t-elle affirmé. « Je n’ai pas vérifié [combien de femmes ont été nommées auparavant], mais je sais que le moment est venu pour l’une d’entre nous de gagner. J’espère que ce sera moi… ou Spiritbox et Courtney. »
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Kendrick Lamar enfile un tuxedo canadien pour recevoir les récompenses pour « Not Like Us »
Drake était absent des Grammy Awards, mais il a malgré tout joué un rôle central en tant que muse involontaire de Kendrick Lamar sur Not Like Us. Ce morceau incendiaire a raflé deux des plus prestigieuses récompenses de la soirée — enregistrement de l’année et chanson de l’année — et Lamar est monté sur scène pour les accepter vêtu d’un smoking canadien.
Devenu un véritable hymne à Los Angeles, Not Like Us a été dédié par Lamar à sa ville natale, durement touchée par les récents incendies de forêt. Ces victoires marquent ses premières distinctions dans l’une des « quatre grandes » catégories et seulement la deuxième fois qu’un morceau de rap y triomphe, après This Is America de Childish Gambino en 2019.
De son côté, Drake poursuit Universal Music Group pour diffamation à propos de cette chanson, qui a durement écorné son image l’an dernier et scellé la victoire de Lamar dans leur clash. Le rappeur torontois avait déjà retiré une plainte précédente accusant UMG et Spotify d’avoir artificiellement gonflé les écoutes du titre. Aux Grammys, en tout cas, aucun coup de pouce n’était nécessaire : la salle a explosé d’enthousiasme à l’annonce du gagnant, reprenant en chœur le morceau diffusé dans les haut-parleurs.
Deborah Cox donne le coup d'envoi de la cérémonie de première
La chanteuse canadienne et star de Broadway Deborah Cox a donné le coup d'envoi de la cérémonie de première, qui a lieu avant la soirée des Grammy Awards. C'est lors de cette cérémonie que la majorité des prix sont remis, et Cox a été nominée cette année en tant que membre de la distribution de la comédie musicale The Wiz, en lice pour le prix du meilleur album de comédie musicale.
Bien que le casting de Hell's Kitchen d'Alicia Keys ait remporté le prix (Keys a également été honorée lors de la cérémonie du soir avec le Dr. Dre Global Impact Grammy), Cox et son partenaire dans Wiz Wayne Brady ont ouvert la cérémonie de première avec une interprétation sincère de "Bridge Over Troubled Water". Rejoints également par Yolanda Adams, Taj Mahal, Scott Hoying et Angélique Kidjo, ils ont interprété une version aux influences gospel du classique de Simon & Garfunkel qui a donné le ton aux Grammys de cette année, une occasion pour l'industrie de se rassembler et de soutenir les victimes des incendies de forêt de Los Angeles.
La catégorie Meilleur nouvel artiste met en avant les piliers du Billboard Canadian Hot 100
Plusieurs artistes canadiens favoris ont investi la scène lors de la remise du prix du meilleur nouvel artiste, offrant ainsi au public un aperçu du talent du solide groupe de nominés. Shaboozey a fait appel à des danseurs de ligne pour interpréter son morceau dynamique A Bar Song (Tipsy), une chanson qui lui a permis de battre le record de la plus longue durée au numéro 1 du Billboard Canadian Hot 100 l’an dernier.
La catégorie était remplie de piliers du Billboard Canadian Hot 100, avec plusieurs artistes figurant en bonne place dans les classements de fin d’année. Benson Boone, qui a aussi dominé les classements canadiens avec Beautiful Things en 2024, a réalisé un salto arrière et chanté de toutes ses forces dans une combinaison bleue depuis la scène des Grammys. Raye, Doechii et Teddy Swims ont également participé au medley, tandis que les autres nominés — Khruangbin, Sabrina Carpenter et Chappell Roan — ont été mis à l’honneur tout au long du spectacle.
Dans une compétition acharnée, c’est finalement Chappell Roan qui a remporté le prix, après une performance mime de son tube Pink Pony Club. Connue pour son franc-parler, Roan a saisi l’opportunité pour adresser un message sincère aux labels et aux membres de l’industrie : offrir aux artistes des soins de santé et un salaire décent. Elle a été chaleureusement acclamée par la salle alors qu’elle prononçait l’un des meilleurs discours de la soirée, consolidant ainsi sa place en tant que meilleure nouvelle artiste, prête à s’imposer durablement dans l’industrie.