Dans les médias : Une brève histoire de CanCon (chronique d’opinion)
Une chronologie générale du système MAPL qui a permis de définir qui était diffusé à la radio et à quelle fréquence.
Autrefois, vers 1967, le père de Justin Trudeau était premier ministre et il exerçait le pouvoir avec le panache de tout aristocratique franco-écossais craignant Dieu, doté d'une éducation dorée née de tous les droits qui étaient facilement accessibles à tout enfant en grandissant dans la banlieue aisée de Montréal, Outremont. Pierre Elliott Trudeau était un homme de principes qui s'est érigé en prince anguleux et a engendré la Trudeaumania – comme la Beatlemania mais sans les quatre vadrouilles ni les produits dérivés.
À sa manière, et il l'a toujours été jusqu'à ce qu'il ne le soit plus, le premier ministre après deux mandats a dupé ses adversaires et a charmé ses admirateurs. C'était un homme de conviction qui aimait les voitures rapides et les vêtements élégants et qui poussait l'électorat à redorer son héritage.
Et de cet héritage sont nées les lois CanCon, mises en œuvre par Pierre Juneau, un bureaucrate de longue date, ancien ministre et premier président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Il convient également de noter que Pierre Juneau admirait également un homme bien habillé. Ces deux petits pois dans un balado ont ont décidé qu'il était temps pour les Canadiens de se détacher du portefeuille culturel de l'Oncle Sam et de sortir le canot d'écorce de bouleau pour faire du stop vers un rêve semblable à celui des Algonquins.
Pierre Juneau était l’homme idéal pour anéantir le rêve américain et nourrir une nouvelle réalité qui a donné naissance au « Grand Nord blanc » de Bob et Doug McKenzie. C'était l'aube d'une nouvelle ère, l'ère du Verseau. La naissance du rêve canadien, Edward Bear, Mother Tucker's Yellow Duck et un palamrès de « Seasons in the Sun ».
C'est aussi la naissance d'un cauchemar bureaucratique.
Le 18 janvier 1971, les règles relatives au contenu canadien sont entrées en vigueur (CanCon), ce qui signifie que les stations de radio devaient diffuser 30 % de musique canadienne déterminée par un système de classification connu sous le nom de MAPL — Musique composée par, interprétée par, produite par et/ou incluant les paroles de l'artiste. . Pour être qualifié de « Can-Con », un disque devrait avoir au moins deux catégories pour être considéré comme canadien : la musique doit être créée par un Canadien, les paroles doivent être écrites par un Canadien, l'artiste doit être canadien ou le la performance, en direct ou enregistrée, a été réalisée au Canada.
Le pourcentage a été porté à 35 % dans les années 1980, et certaines nouvelles stations doivent disposer d'une licence pour diffuser 40 % de musique canadienne. C’était à l’époque où l’écoute de la radio AM était dominante en voiture et à la maison. Du jour au lendemain, les programmeurs de diffusion ont dû devenir des mathématiciens, cartographiant ce qui était diffusé et à quel moment. La Commission a pris ombrage du fait que les radiodiffuseurs empilaient les cartes et diffusaient la charge CanCon requise en dehors des heures d'ouverture, consécutivement. Selon un responsable de la diffusion anonyme à l'époque, rebattre les cartes signifiait également que 30 % ou plus des pistes internationales devaient être purgées. D’autres morceaux marginaux du Top 40 ont probablement également été critiqués, mais le résultat a été une conséquence involontaire qui a rendu la radio multiraciale principalement blanche sur le spectre du rock. Du coup, nous avions moins d’artistes noirs américains à la radio.
Très vite, la FM devient la nouvelle coqueluche avec l'explosion du rock, puis la vague britannique. À l'époque, le CRTC avait un haut fonctionnaire qui adorait écouter la radio classique sur la bande FM. Lentement mais sûrement, des stations comme CHUM-FM se sont tournées vers Beethoven et ont commencé à diffuser du « bruit rebelle ». Ainsi, le CRTC a mis en place une nouvelle réglementation pour la radio FM qui stipulait la quantité de paroles devant être programmée par heure. Conversation lucide, pas de balayage radio avec Grand Funk Railroad, Vanilla Fudge et Led Zeppelin. L'horloge était de plus en plus micro-gérée par les bureaucrates.Ottawa qui a pris sur lui de nous protéger de nous-mêmes.
Bien entendu, il ne s’agit que d’un simple coup de pinceau. En 2016, le Guide réglementaire de la radio canadienne comptait 600 pages en caractères de huit points. Tout déplacement, ajustement ou changement de format nécessitait qu'une salle de réunion composée d'avocats de Bay Street dépose auprès de la Commission des mémoires pouvant atteindre trois ou quatre pieds de haut, voire aussi haut que l'Empire State Building. Les coûts pour les radiodiffuseurs se sont chiffrés à des millions (voir des dizaines de millions), et puis il y a eu des audiences au cours desquelles les bureaucrates ont statué pendant des jours et des semaines. Le processus réglementaire a fait de la conception de fusées lunaires un jeu d’enfant.
Peu de choses ont changé, sauf que le CRTC porte désormais son attention sur Internet, le contenu des nouvelles en ligne et tout le reste. Dans des temps plus doux et plus simples, nous avions CanCon et une diversité de choix. Nous avons maintenant Bell, Rogers et le CRTC.
L'année dernière, le budget du CRTC s'élevait à un peu plus de 86 millions de dollars, avec des revenus de 61 millions de dollars.