Buffy Sainte-Marie se voit retirer l'Ordre du Canada à la suite d'une enquête sur ses origines autochtones
L'auteur-compositeur-interprète acclamé a été nommé à l'Ordre du Canada, l'une des plus hautes distinctions du pays, en 1997. Cette révocation survient après qu'une enquête de la CBC en 2023 a mis en doute les revendications d'héritage autochtone de Sainte-Marie.
L'auteure-compositrice-interprète Buffy Sainte-Marie n'est plus nommée à l'Ordre du Canada.
La nomination de Sainte-Marie à l’une des plus hautes distinctions du pays a été révoquée par le gouverneur général, comme l’a annoncé la Gazette du Canada le 8 février. L’ordonnance de révocation a été signée le 3 janvier.
Sainte-Marie, figure emblématique de la scène musicale canadienne et leader des causes autochtones depuis des décennies, voit sa réputation ternie au cours de la dernière année. À l’automne 2023, l’émission Fifth Estate de CBC a mis en doute ses affirmations concernant son ascendance autochtone.
Elle avait précédemment affirmé être née dans la réserve de la Première Nation de Piapot, en Saskatchewan, et avoir été adoptée par la famille Santamaria, qui l’a élevée à Wakefield, dans le Massachusetts. Elle attribuait son adoption à la rafle des années 1960, une période où de nombreux enfants autochtones ont été enlevés à leurs familles pour être adoptés par des familles blanches.
L’enquête de la CBC a révélé un certificat de naissance de Sainte-Marie mentionnant ses parents adoptifs présumés comme étant ses parents biologiques. L'enquête a également inclus des témoignages de membres de sa famille, qui qualifient ses revendications d'identité autochtone de « fabrication élaborée », en soulignant qu’elle s’inscrivait dans un phénomène plus large de personnalités publiques prétendant une identité autochtone.
Jeune adulte, Sainte-Marie a été adoptée par Émile Piapot et Clara Starblanket Piapot de la Première Nation Piapot, en Saskatchewan, selon les lois et coutumes cries.
Dans une déclaration, Sainte-Marie a réagi à l’enquête en écrivant : « Pendant longtemps, j’ai cherché à découvrir mes origines. Grâce à ces recherches, il est devenu clair, et c’est ce que j’ai toujours dit, que je ne sais pas d’où je viens ni qui étaient mes parents biologiques, et je ne le saurai jamais. »
Dans une autre déclaration, elle a réaffirmé sa sincérité, précisant : « Je n’ai jamais menti sur mon identité », ajoutant que l’enquête comportait « des erreurs et des omissions ».
L’enquête a suscité des appels de groupes et d’artistes autochtones pour que les grandes organisations reconsidèrent leur célébration de Sainte-Marie.
Au cours de sa carrière de plus de six décennies, Sainte-Marie a remporté un Oscar, le Prix de musique Polaris, plusieurs prix Juno et le Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle, en plus d’être nommée à l’Ordre du Canada. Elle avait été d’abord nommée en 1997 et, en 2019, élevée au rang de Compagnon de l’Ordre, le plus haut niveau de distinction.
Un groupe, l'Indigenous Women's Collective, a demandé aux Junos d'annuler le prix remporté par Sainte-Marie en 2018 pour l'album autochtone de l'année, une demande soutenue par la chanteuse d’opéra crie Rhonda Head.
La Gazette du Canada ne fournit pas de détails sur la révocation de l’Ordre du Canada de Sainte-Marie. Selon la politique de révocation de l’Ordre, un conseil consultatif peut recommander la révocation au gouverneur général si le comportement d’une personne nommée s’écarte considérablement des normes publiques et nuit à la crédibilité de l’Ordre.
D’après CBC, Sainte-Marie est la neuvième personne en 50 ans à voir sa nomination révoquée.
