advertisement
Français

Rêves du CRTC et autres fantasmes réglementaires des temps modernes (Chronique d'invité)

Les médias et les chaînes de radiodiffusion du Canada sont assiégés. Le CRTC peut-il évoluer avec son temps pour réprimer une rébellion?

Rêves du CRTC et autres fantasmes réglementaires des temps modernes (Chronique d'invité)

Observations de Dave Charles, diffuseur primé et PDG de Media RESULTS Inc.

Je crois au «Dream Time». C'est là que vous laissez votre esprit vagabonder et posez des questions telles que:


Quel est l’avenir des médias dans ce nouveau monde?

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) comprend-il les complexités de l'offre médiatique d'aujourd'hui?

Commençons par trois choses que le CRTC a eu raison, puis deux choses que le CRTC a commises à tort.

Points positifs du CRTC:

1. En termes relatifs, il a agi rapidement pour lancer la modernisation de la Loi canadienne sur la radiodiffusion. Nous verrons jusqu’où cela ira et si l’efficacité avec laquelle le processus a commencé se poursuivra ou non.

advertisement

2. La rétention du personnel au CRTC est relativement stable. La mémoire institutionnelle d'une organisation comme le CRTC est essentielle à la cohérence, à la transparence et, dans une certaine mesure, à la prévisibilité.

Négatifs du CRTC:

1. Leur processus prend trop de temps, ce qui entraîne de longs retards dans l’émission de politiques et de décisions qui ont un impact sur les activités quotidiennes des parties prenantes et des titulaires de permis.

2. Réticent à apporter des changements radicaux à la politique. Par exemple, l’examen de la radio n’a entraîné que peu ou pas de changement dans le fonctionnement de la radio, ce qui a frustré de nombreux titulaires de licences de radio.

Supposons que vous dirigiez un organisme de réglementation de la radiodiffusion confronté à tous les défis auxquels il est confronté et que vous sachiez comment les Britanniques, les Australiens et les Américains font face à leurs nouvelles réalités médiatiques. Quelles alternatives législatives suggéreriez-vous?

Nous avons tous entendu dire que si Trump était réélu, il envisageait de ramener la FCC américaine en interne. Nous savons tous à quel point ce serait un désastre. Mais c'est ce que font les dictateurs.

advertisement

Cela dit, sachez que les Britanniques, les Australiens et les Américains ne sont pas confrontés aux mêmes problèmes que le Canada: ils ne partagent pas la frontière avec le producteur de divertissement le plus puissant et le plus prolifique au monde. Le système de réglementation au Canada a été conçu pour créer un système de radiodiffusion canadien qui reflète la culture canadienne dans le but de minimiser l'impact des États-Unis.

Au Canada, nous méprisons et exaltons la réglementation. Certains détestent cela parce que cela les empêche de prendre des décisions opportunes concernant la manière d'investir dans la programmation, le type de programmation et le moment où elle doit être diffusée. Nous avons tous entendu le mot pivoter dans un paysage médiatique en constante évolution, et les parties prenantes souhaitent avoir la possibilité de pivoter lorsque cela est nécessaire, mais prétendent que la réglementation les en empêche. Leur solution est toujours: moins de réglementation, ce qui leur donnerait la liberté non seulement de réagir à la concurrence mais, peut-être plus important encore, d'être proactifs sur la manière dont ils dépensent leur argent pour repousser la concurrence.

Ceux qui croient en la réglementation en veulent plus – les artistes, les producteurs, les écrivains, etc. Cette cohorte croit que la seule façon de maintenir un système canadien en vie est de réglementer davantage – et non moins. Les dépenses et les besoins en matière de diffusion doivent augmenter, tout comme le financement des différents groupes qui produisent le contenu dont dépendent les radiodiffuseurs.

advertisement

Il faut reconnaître la troisième composante du paysage médiatique canadien: les plateformes de diffusion en continu étrangères. Il ne fait aucun doute qu’après une quinzaine d’années de diffusion en continu dans ce pays, nous entendons enfin le tollé des acteurs de l’industrie selon lequel ces sociétés de diffusion en continu ont effectivement un impact sur leurs activités – certains positifs, d’autres négatifs, bien sûr. Est-il pile à temps ou trop tard pour le tollé ? Seul le temps nous le dira.

advertisement

Quatrièmement, et c'est le plus important, il y a le consommateur canadien. Le consommateur qui veut avoir le choix – la possibilité de regarder ce qu’il veut, où il veut et quand il le souhaite – le tout à un prix abordable.

Équilibrer ces quatre éléments clés demande du travail à tout décideur politique ou régulateur.

Assumer le rôle de commissaire du CRTC à l'environnement, tel que décrit ci-dessus, est un défi mais, en même temps, peut être gratifiant. Il serait difficile – voire impossible – de trouver 13 (le maximum autorisé) personnes compétentes et expérimentées dans le secteur de la radiodiffusion et des télécommunications pour accepter une telle nomination, sachant que chaque décision rendue par le CRTC reflète votre contribution – bonne ou mauvaise.

C'est une courbe d'apprentissage très abrupte. Visites et réunions des parties prenantes, breffages du personnel et lectures – beaucoup de lectures sont essentielles.

Le président et les cadres supérieurs doivent également naviguer au sein des organes législatifs sous les auspices desquels le CRTC fonctionne. Les comités du Patrimoine canadien, d'ISDE et du Sénat font appel au CRTC pour diverses raisons, et le président et le personnel doivent savoir comment communiquer efficacement les priorités du CRTC à ces organismes.

Est-ce un système parfait? Pas nécessairement, mais des efforts concertés ont été déployés pour nommer des personnes au Conseil afin d'équilibrer la base de connaissances entre la radiodiffusion et les télécommunications.

Le CAB pourrait-il jouer un rôle plus large dans une nouvelle entité de radiodiffusion?

Peut-être que ça devrait le faire. Il en va de même pour l'OAB, le WAB et le BCAB, qui représentent les radiodiffuseurs dans leurs régions respectives. Ces organismes provinciaux représentent de véritables diffuseurs. Je laisserai la SRC en dehors de cela, car elle a un mandat extrêmement vaste en matière de programmation et de culture, tant pour la télévision que pour la radio. Mais même Radio-Canada réduit ses dépenses. Est-ce le canari dans la mine de charbon ? Nous ne pouvons et ne devons pas utiliser les deux années de Covid comme excuse.

advertisement

Au Canada, de quoi parle-t-on? Protectionnisme contre mondialisation?

La diffusion en continu musicale mondiale, les balados et autres sources médiatiques mondiales sont largement disponibles. J'ai désormais le monde à portée de main. Mais je veux toujours des informations locales et des expériences locales.

La recherche nous a appris que le contenu local est essentiel au succès et à la survie des stations de radio d'aujourd'hui.

Les petites sociétés de diffusion comme MyFM Radio réussissent parce qu'elles desservent leurs marchés locaux avec des informations et des événements pertinents du jour.

J'ai un ami radio aux États-Unis qui a acheté trois groupes de radio. Il a changé le nom de sa société en «Local First Broadcasting». Le propriétaire Cliff Dumas, un Canadien, est un diffuseur chevronné et avisé. Il comprend et fait déjà une différence sur les marchés qu'il dessert.

advertisement

L’opposition entre les grosses sommes d’argent et les entreprises privées.

La radio et tous les médias coûtent cher. Est-il possible d’égaliser ces règles du jeu, en permettant à d’autres de contribuer à un système médiatique plus équilibré?

Au cours de ma carrière de consultant, j'ai démarré de nombreuses stations de radio et je connais ce qu'il faut pour lancer et commercialiser une nouvelle marque de radio. Au mieux, il s'agit d'un défi marketing à plusieurs niveaux. La plupart des nouvelles start-ups radio n'ont pas les compétences nécessaires pour se lancer dans ce domaine. Et si vous le faites correctement, il faudra encore deux à trois ans pour obtenir des notes et des revenus.

Quelques conglomérats contrôlent-ils encore l'univers de la radio?

Bell, Rogers, Stingray, CORUS et Pattison.

Comment les gouvernements locaux protègent-ils les droits des Canadiens contre la domination des sociétés multinationales qui s'organisent dans des paradis fiscaux?

Que pensez-vous de l'annonce récente du CRTC selon laquelle il imposera un moratoire de deux ans sur les nouvelles licences et d'autres décisions importantes pendant deux ans pendant qu'il digère de nouvelles lois comme le projet de loi C-18?

Nous savons que Bell Média est très contrariée que le CRTC ait délivré des renouvellements administratifs de trois ans pour tous les principaux diffuseurs, privant ainsi Bell de la capacité de présenter sa cause lors d'une audience publique dans le cadre de sa demande de l'été dernier visant à réduire considérablement ses engagements en matière de programmation locale. Bell a fait appel de la décision du CRTC devant la Cour fédérale. Bell est allée de l'avant et a quand même réduit sa programmation locale dans certains marchés.

Certains groupes de radiodiffusion plus petits saluent le moratoire sur les nouvelles licences en raison des difficultés économiques auxquelles la radio est actuellement confrontée, certaines à cause de la Covid, tandis que d’autres sont dues à de mauvaises pratiques commerciales.

Par exemple… récemment, CTV Montréal a réduit son bulletin de nouvelles d'une heure à 17h à 30 minutes, suivi d'un bulletin de nouvelles de 30 minutes sur CTV National avec Sandy Rinaldo. Une simple recherche pourrait permettre de constater des changements similaires sur d’autres marchés canadiens.

Bell a également réduit la programmation locale de NOOVO, sa nouvelle chaîne francophone.

Quebecor a également demandé des réductions similaires de sa programmation locale, mais n'a pas attendu l'approbation du CRTC et a procédé à des réductions significatives partout au Québec.

Le mépris du CRTC devient-il la norme plutôt que l'exception de la part des grandes entreprises médiatiques qui n'attendent pas la réponse du CRTC?

Récemment, Bell a intenté une action contre la demande du CRTC selon laquelle Bell et Telus donneraient accès à la fibre optique du dernier kilomètre à un prix fixé par le CRTC aux petits fournisseurs d'accès Internet afin de respecter la promesse du gouvernement libéral d'accroître la concurrence dans ce domaine. Bell dit qu'ils ont dépensé de l'argent et ne devraient pas avoir à partager le Cap Ex. Dans le même temps, ils ont annoncé une réduction d’un milliard de dollars des investissements dans la fibre au cours du prochain exercice financier.

Il y a de la confusion dans les couloirs du CRTC.

Le nouveau président semble être la personne idéale pour ce poste, mais une rébellion se prépare-t-elle parmi les grands diffuseurs et opérateurs de télécommunications ? Il s’agit là de contestations frontales lancées par de grandes sociétés médiatiques contre l’inaction du CRTC sur des questions cruciales.

Il y a un nouveau ton conflictuel dans les relations entre maîtres et sujets.

Les titulaires de permis font ce qu'ils veulent et font appel à la Cour fédérale pour les choses qui ne leur plaisent pas, ce qui est leur droit de le faire.

Ce gouvernement libéral a promis une nouvelle loi sur la radiodiffusion depuis son élection. Le Conseil est actuellement en train de «moderniser la Loi sur la radiodiffusion». Ce n’est pas une mince affaire, laissez-moi vous l’assurer. Il vient de terminer trois semaines d'audiences avec des représentants de radiodiffuseurs, de producteurs, d'écrivains, de réalisateurs, d'organismes de financement et de personnes à la recherche de financement canadien, de diffuseurs géants étrangers, de YouTubeurs et de particuliers. Ce processus n’est que la première étape sur trois nécessaires pour achever le processus, qui pourrait prendre jusqu’à deux ans pour parvenir à son terme.

Quand les représentants de Netflix disent au CRTC: Que voulez-vous de plus de nous ? Nous dépensons des millions de dollars pour développer du contenu au Canada – dont la production emploie des milliers de Canadiens.

Les radiodiffuseurs et autres parties prenantes s'attendent à un afflux important de fonds de la part de ces géants des médias extérieurs pour compléter leurs stations dans un contexte économique difficile. Reste à savoir si cela se produira.

Le CRTC peut-il continuer à être pertinent alors qu'il applique une loi sur la radiodiffusion si désuète qu'elle n'a même pas prévu Internet?

Comme indiqué sur le site Web du CRTC, le CRTC «est un tribunal administratif indépendant du gouvernement fédéral.»

Son objectif est de garantir que les Canadiens ont accès à un système de communication de classe mondiale qui favorise l'innovation et enrichit leur vie.

Son rôle est de mettre en œuvre les lois et règlements établis par le Parlement qui créent la législation et de superviser les départements qui établissent les politiques. Elle réglemente et supervise la radiodiffusion et les télécommunications dans l'intérêt public.

Je pense que le rôle fondamental du CRTC restera le même dans un avenir rapproché. Cela dit, tout comme les intervenants de l'industrie s'efforcent d'innover davantage et d'être en mesure de répondre en temps opportun aux besoins des consommateurs, le CRTC devrait également trouver des moyens d'agir de manière beaucoup plus opportune, efficace et flexible pour répondre aux besoins des consommateurs et garantir un système de radiodiffusion et de télécommunications qui offre aux Canadiens «un système de communication de classe mondiale qui favorise l'innovation et enrichit leur vie», et j'ajouterais le mot «abordable» à ce mandat.

Dave Charles, PDG, Media RESULTS Inc.

dcharles@mediaresults.ca

advertisement
Ximena Holuigue, organizer of the Future of Canadian Latin Music panel at POP Montreal.
Photo de courtoisie

Ximena Holuigue, organisatrice du panel Future of Canadian Latin Music à POP Montréal.

Français

POP Montréal explore l'avenir de la musique latine au Canada

Dans le cadre du Symposium POP gratuit, le festival s'est penché sur la vague montante de la musique latine, en analysant son essor au Québec, au Canada et dans le monde entier. La conversation n'a pas seulement porté sur la célébration de cette musique, mais aussi sur les façons de soutenir et d'amplifier le mouvement à l'échelle locale et mondiale.

La musique latine gagne en popularité au Canada. Lors du festival de cette année, POP Montréal a exploré la manière dont le Québec peut répondre à cette demande.

Le dimanche 29 septembre, le Symposium POP, la conférence gratuite du festival de musique, a accueilli le dynamique panel intitulé : The Future of Canadian Latin Music: Rising Latinx Artists and Music Entrepreneurs, au Clubhouse Rialto. L'événement a réuni certaines des voix les plus influentes de la scène musicale latine montréalaise pour discuter de l'engouement mondial envers la musique latine et de son incidence sur les scènes canadiennes et québécoises. Les invités se sont penchés sur les enjeux et les occasions qui se présentent aux artistes latins, ainsi que sur les nouvelles façons d'exprimer la culture latine, vaste et diversifiée, sans la cantonner dans la catégorie « musique du monde ».

continuer à éleverShow less
advertisement