Les 25 meilleures chansons canadiennes de 2024 — Choix de la rédaction
Des morceaux de clashs aux tubes punjabi posthumes, du rock indie sombre aux plus grandes stars de la pop mondiale, voici nos chansons préférées des artistes canadiens cette année.
Lorsqu'il s'agit de musique canadienne, il est difficile de définir un seul son. Les artistes du pays possèdent une fluidité culturelle qui permet à de nombreux styles de coexister simultanément et de s'harmoniser parfaitement. C'est pourquoi ces chansons — choisies non seulement pour leur popularité ou leur succès sur les classements, mais aussi pour leur impact culturel et leurs approches innovantes — couvrent un éventail musical si large. C'est un paysage musical aussi diversifié que le pays lui-même.
Le Canada est devenu un deuxième pôle mondial pour la musique punjabi, il se développe comme une plaque tournante de la musique latine, il existe une scène de rap français en pleine expansion à l'étranger, et les artistes autochtones propulsent plusieurs genres différents tout en obtenant la reconnaissance qu'ils méritent enfin pour leurs contributions. De nombreuses artistes féminines sont reconnues à la fois comme des pionnières et des révélations en devenir. Et il y a des véritables stars de la pop qui poussent des contributions culturelles et marquent leur présence sur les classements.
Mustafa, « Gaza Is Calling »
Le chanteur-auteur-compositeur-poète Mustafa confirme, avec Dunya, qu'il est une véritable force sur la scène mondiale. En tant qu'artiste et activiste, ses concerts étoilés Artists For Aid ont fait de lui une voix essentielle de l'empathie dans une année qui en avait grandement besoin. Le puissant « Gaza is Calling » est une représentation profondément humaine de l'amitié qui a changé la vie de Mustafa avec un garçon de Gaza dans son projet de logement à Toronto. « Même cet amour n’a pas suffi face à la violence à laquelle nous étions confrontés », a déclaré Mustafa à l’époque. La chanson, chantée en partie en arabe, évoque la Palestine et son pays d'origine, le Soudan, en intégrant un instrument emblématique des deux nations, l'Oud. Soutenue par des touches de production imaginatives, sa voix douce et envoûtante creuse profondément dans l'âme de l'auditeur. — Kerry Doole
Cindy Lee, « Kingdom Come »
Cindy Lee a bouleversé les codes cette année. Sous ce pseudonyme, Patrick Flegel, ancien membre du groupe culte de post-punk albertaine Women, a lancé son album Diamond Jubilee au printemps via un simple flux YouTube en continu et un téléchargement sur GeoCities. Ignorant les règles classiques de distribution et de promotion, l'album a été salué par Pitchfork et a fait grimper Cindy Lee à un nouveau niveau de popularité — avant que Flegel ne surprenne tout le monde en annulant ses dates de tournée à guichets fermés et en se retirant des projecteurs.
Avec tout le battage médiatique autour de l’album, certains fans d’indie se demandent si Diamond Jubilee mérite vraiment son engouement. La réponse ? Absolument. L’opus de Patrick Flegel est un véritable diamant brut, fusionnant les structures des chansons pop des années 60 avec des textures expérimentales, pour un résultat à la fois imprégné de l’histoire du rock’n’roll et étrangement extraterrestre. « Kingdom Come » illustre parfaitement les points forts de l’album : un jeu de guitare virtuose, des rythmes évoquant le Motown classique, et des paroles qui couronnent Cindy Lee reine des âmes vagabondes. « J'aurais juré t'entendre crier mon nom / sur les mélodies d'hier », chante Flegel dans un doux falsetto, une déclaration qui semble s’adresser à sa propre musique — une relecture angélique et fantomatique de la pop d’antan. — Rosie Long Decter
Sidhu Moose Wala feat. AR Paisley et MXRCI, « Drippy »
Sidhu Moose Wala a marqué l’actualité internationale cette année en entrant dans le top 10 du Billboard Canadian Hot 100 avec « Drippy », l’un des morceaux posthumes publiés deux ans après son meurtre tragique en Inde. Ancien résident de Brampton, Ontario, Sidhu était une figure emblématique de la scène ayant donné naissance à la Punjabi Wave, un mouvement désormais mondial, et cette chanson illustre parfaitement cet héritage. Sur une production trap percutante signée MXRCI, Sidhu échange des couplets en anglais et en punjabi avec le rappeur canadien AR Paisley, signé chez Warner Music Canada/India sous le label 91 North Records. Ensemble, ils livrent un hymne explosif qui rivalise avec les meilleurs morceaux de l’année. Mais difficile de ne pas ressentir un pincement au cœur à l’idée que Sidhu ne soit plus là pour voir l’impact de son œuvre. — Richard Trapunski
Remastered feat. Halo & Mandyspie, « A.D.N »
Plus tôt cette année, le producteur montréalais Remastered a sorti SYMBIOSE, un album qui a enflammé la scène musicale locale, mettant en lumière une foule d'artistes émergents talentueux. L'un de ses morceaux phares, « A.D.N », présente Halo et Mandyspie, qui combinent leurs styles uniques pour une collaboration percutante. Avec un beat avant-gardiste et des paroles aiguisées, le morceau fusionne le flow introspectif de Halo avec l'énergie féroce de Mandyspie. C’est un rappel que le rap français de Montréal est à la hauteur de ce qui se passe sur la scène internationale. Mandyspie se fait une place dans une industrie dominée par les hommes, tandis que des artistes comme Halo continuent de repousser les limites. — Yasmine Seck
Nemahsis, « Coloured Concrete »
Le premier album complet de Nemahsis, Verbathim, est aussi affirmé qu’il soit. Avec un style alt-pop distinctif qui met en valeur les puissantes vocalises de l’artiste palestinienne-canadienne, l’album (en partie produit par le bras droit de Drake, Noah "40" Shebib) l’établit comme une force sur la scène pop — une artiste capable de tracer son propre chemin après avoir été abandonnée par son label majeur l'année dernière, comme elle l’a expliqué dans des interviews, lorsque la présence d’une artiste palestinienne vocaliste est devenue politiquement gênante pour leur catalogue. Sur l’un des morceaux phares de l’album, « Coloured Concrete », Nemahsis chante à propos de sa chambre idéale au collège, celle qu’elle aurait décorée si sa famille avait eu assez d’argent. Le refrain puissant de Nemahsis lui rappelle de ralentir. Accompagnée d’un beat entraînant, « Coloured Concrete » donne l’impression qu’elle est en route vers l’endroit où elle doit être. — RLD
Snotty Nose Rez Kids feat. Electric Fields, « Red Future »
Le duo hip-hop de la Nation Haisla, Snotty Nose Rez Kids, composé de Yung Trybez et Young D, a fait ses débuts sur un grand label avec Red Future chez Sony Music Canada cette année. Déjà une force du hip-hop plein d'esprit et de perspicacité, ils ont utilisé cette nouvelle plateforme pour créer quelque chose de plus grand et d’encore plus épique que jamais, un nouveau style ambitieux de futurisme autochtone mis en lumière. « Je pense que Red Future, pour nous, ça signifie pouvoir se voir dans le futur », a déclaré Yung Trybez dans une interview récemment accordéà CBC. « Pour les peuples autochtones, il faut penser à sept générations à venir. Il faut penser à sa lignée. » Après de nombreux albums dans une discographie déjà excitante, cette chanson ressemble également à un aperçu de l’avenir prometteur des SNRK. — RT
Celine Dion, « Hymne à l'amour » (Live aux Jeux Olympiques de Paris 2024)
Il n’était pas certain que l’on reverrait Celine chanter un jour, mais cette année, la reine canadienne des ballades triomphantes a fait un retour époustouflant, fidèle à elle-même. Non seulement Celine est revenue sur scène en plein combat contre le syndrome de la personne raide, mais elle l’a fait du sommet de la Tour Eiffel, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, avec des millions de regards rivés sur elle et des attentes aussi élevées qu’un gratte-ciel historique. Bien sûr, elle a livré une performance virtuose, interprétant « Hymne à l'amour », la chanson d’Édith Piaf, icône française. Celine a transformé ce morceau, une ode aux amoureux, en une célébration des passions qui nous gardent en vie et nous donnent la force d’avancer. La version single de la performance de Celine, sortie cet automne, renferme la puissance de ce moment — quand l’instrumental s'arrête et qu'elle atteint la note aiguë, il est difficile de ne pas frissonner. « Dieu réunit ceux qui s’aiment », est la traduction anglaise de ce dernier vers — et dans ce cas, c'est une réunion entre Celine et les spectateurs du monde entier. — RLD
Les Cowboys Fringants, « La fin du show »
En 2023, le Québec a perdu un héros de l’écriture, Karl Tremblay, le leader des Cowboys Fringants, décédé à 47 ans. En 2024, ses compagnons de groupe — dont sa femme Marie-Annick Lépine — ont mis tout leur cœur pour honorer son héritage. Les Cowboys ont sorti un album complet, Pub Royal, dans lequel on retrouve les voix posthumes de Tremblay sur plusieurs morceaux, dont l’épopée de sept minutes « La fin du show ». Cette chanson résume à elle seule la carrière de Tremblay et offre un adieu à la hauteur de l’artiste. À travers ses quatre couplets, refrains, ponts et changements de groove — d’une intro guitare pincée directe à un premier couplet et refrain swingés, jusqu’à un final en double temps — la chanson reflète toute la complexité de la vie d’un musicien. Tremblay y revient sur une existence intense mais pleine, et sur ce qui vient après. « Je sors par la porte de derrière », chante-t-il, « pour être englouti par l'univers », dans une conclusion apaisée après une aventure tumultueuse. — RLD
Tate McRae, « 2 hands »
Tate McRae a marqué cette année une étape importante en s’imposant comme une véritable superstar canadienne, aux côtés de Drake et The Weeknd, et en terminant à la 14e place du classement annuel des artistes canadiens. Et ce n’est qu’un début. Son troisième album, suivi d’une tournée mondiale, sortira en février, et le single « 2 hands » est l’une de ses meilleures réalisations à ce jour. Avec son breakbeat joyeux en toile de fond, la chanson met en lumière ce qu’elle recherche et ce qu’elle refuse dans une relation amoureuse. Son refrain, porté par un falsetto accrocheur, une rupture musicale éclatante sur le pont, et un échantillon vocal accéléré qui évoque « Slide » de Frank Ocean et Calvin Harris, « 2 hands » dégage une excitation palpable, celle qu’on ressent à l’idée de revoir un nouvel amour, empli de désir et d’anticipation. — RLD
Drake, « Family Matters »
Le brouhaha autour de l’affrontement entre Drake et Kendrick Lamar ne s’est pas encore tout à fait dissipé, mais suffisamment de temps s’est écoulé pour qu’on puisse revenir sur leurs productions musicales et les réévaluer. « Family Matters » a été lancé au cœur de l’effervescence de cette rivalité en mai, suivi moins d’une heure plus tard par « Meet The Grahams » de Kendrick, et couvert de saleté par « Not Like Us » dès le lendemain. Mais cette chanson fait partie des diss tracks les plus intenses et percutants, accusant son rival d’activisme performatif, de fausse paternité, et d’autres attaques plus personnelles encore. On sent que Drake y a mis du travail, avec une vidéo de grande envergure tournée en partie au New Ho King, le restaurant chinois de Toronto que Kendrick avait précédemment mentionné dans « Euphoria ». La chanson est en réalité trois morceaux en un, avec des changements de beat multiples et des piques lancées à ses rivaux de « 20 contre 1 », y compris le Torontois The Weeknd. Elle a été un moment clé des journées musicales les plus palpitantes de l'année. — RT
Isabella Lovestory, « Puchica »
Cette année, Isabella Lovestory a maintenu une énergie débordante avec une série de sorties audacieuses, couronnées par son single sans complexe, « Puchica ». L’artiste hondurienne basée à Montréal continue de repousser les limites, transformant l’exclamation vulgaire « puta » en quelque chose de ludique et d’émancipateur. Produite par Chicken et Kamixlo, la chanson est une collision vibrante entre des beats de reggaeton maximalistes et des éléments pop percutants, accentuant le style neoperreo signature de Lovestory. Plus qu’un simple morceau, c’est une déclaration de liberté, de culot et de rébellion. Accompagnée d’un clip DIY qui reflète sa brillance chaotique, la vidéo est un collage effréné de moments, passant de son salon montréalais à ses concerts énergiques au Chili et en Argentine, avant de plonger dans une fête branchée à New York. C’est tout ce que les fans adorent chez Isabella Lovestory : audacieuse, provocante et incontestablement fun. Le morceau la consacre comme une perturbatrice dans la musique latine — et prouve que Montréal pourrait bien avoir sa place à la table de la scène reggaeton mondiale. — YS
Dorothea Paas, « Locked »
Le deuxième album de Dorothea Paas, Think of Mist, nous plonge à nouveau dans sa poésie folk dense, tout en y ajoutant des touches plus expérimentales. En clôture de l’album, « Locked » explore un tout autre registre sonore, où elle échange sa guitare contre des synthétiseurs doux des années 80, tout en modulant sa voix pour qu’elle semble glisser délicatement au-dessus des touches. C’est un choix magnifique de l’artiste torontoise, qui chante une connexion qui n’a pas pu durer : « Je ne sais pas pourquoi j’attends / désir enfermé dans le temps. » L’atmosphère méditative est perturbée par des éclats dissonants, suggérant l’angoisse qui accompagne toute forme de réflexion intérieure. — RLD
Sadboi & Smiley, « Fashion Week »
Ce morceau addictif réunit deux voix prometteuses du hip-hop canadien à leur apogée. Produit par le Grammy-nominé Tay Keith, « Fashion Week » est une vitrine parfaite pour le flow sans effort et caméléon de Sadboi (anciennement Ebhoni), capable de se métamorphoser pour s’adapter à des styles allant du drill au dream-pop. Le rappeur d’OVO, Smiley, se joint à lui pour ajouter la touche torontoise, où le terme argotique arabe « wallahi » côtoie des références à Miu Miu et à la New York Fashion Week. Avec tant d’idées condensées en un si court laps de temps, il est difficile de croire que la chanson ne dure même pas deux minutes. — RT
PartyNextDoor, « Family »
PartyNextDoor a fait son grand retour cette année avec son quatrième album, PartyNextDoor4, un disque rempli de beats percutants et de mélodies inoubliables. Sur un album centré sur les amours de Party, « Family », l’avant-dernière chanson, prend un moment pour mettre en lumière un autre type de relation. « Mon frère me manque / Ma famille me manque », chante Party alors que le beat tombe, ouvrant le morceau avec une émotion brute. Sur un instrumental minimaliste et mélancolique, il évoque ses débuts à Mississauga, en Ontario, et les personnes qu’il a perdues en chemin, tout en insistant sur le fait qu’elles ne l’ont pas quitté. « Mes chiens me manquent, quand la nuit appelle / Je vois mes chiens, je le pense vraiment », nous dit-il sur un refrain si puissant qu’il est impossible de ne pas chanter avec lui. — RLD
Claudia Bouvette, « Call Me Back »
La princesse de l'alt-pop montréalaise, Claudia Bouvette, a connu une année marquante, attirant l'attention avec son dernier album Diary For the Lonely Hearts. On dirait qu’elle pourrait être la prochaine Charlotte Cardin de la ville, cette dernière ayant fait une percée internationale majeure, et des chansons comme « Call Me Back » prouvent qu'elle a les atouts pour y parvenir. Le morceau commence par un simple arpège acoustique, alors que Bouvette réfléchit à un amant qui l’a déçue, avant qu’un rythme quatre sur quatre ne s’installe, pour mener à un refrain explosif, porté par une ligne de basse groovy parfaitement maîtrisée. — RLD
Shawn Mendes, « Heart of Gold »
Shawn Mendes a mis tout en pause en 2022. Il a annulé sa tournée mondiale pour se concentrer sur sa santé mentale et est revenu cette année avec Shawn, un album où il se montre plus vulnérable que jamais, avec un son épuré qui met en lumière son écriture introspective. Cette ouverture se prête parfaitement au single mélancolique « Heart of Gold », où Mendes rend hommage à un ami décédé subitement d’une overdose. Le morceau a pris une nouvelle dimension cette année sur scène, où Mendes l’a dédié à la pop star récemment disparue Liam Payne. Musicalement, « Heart of Gold » se distingue par sa légèreté. Il est plus entraînant que ce que l’on pourrait attendre, avec un arpège de guitare éclatant qui souligne la célébration de Mendes pour son ami et le temps qu’ils ont partagé. — RLD
Houdini feat. Pressa & Fivio Foreign, « Do It »
Le rappeur torontois Houdini a tragiquement été tué en 2020, mais son album tant attendu Hou I’m Meant To Be, prévu pour 2024, permet de maintenir son héritage vivant, avec les bénéfices allant à son jeune fils. « Do It » réunit l'artiste de Toronto Pressa et Fivio Foreign de New York, créant une fusion entre le flow chanté de Houdini et la brutalité du drill. Le son accrocheur suggère les sommets que Houdini – qui compte deux titres certifiés or avec « Light Nights » et « Levels » – aurait pu atteindre. Les vidéos de « Do It » et « Own Your Masters » comportent des images du rappeur lui-même, le maintenant présent d'une manière que l’on ressent encore dans la musique. — RT
Enima & Gapman & VT, « B.A.B » (REMIX)
Ce morceau capture à merveille l'énergie brute et sans filtre de la scène rap montréalaise, mêlant avec finesse hip-hop local et influences internationales dans une vibe totalement addictive. Le remix de « B.A.B. » met en lumière le rappeur lillois Gapman, qui ajoute une touche de fraîcheur à la dynamique explosive des Montréalais Enima et VT. Ces deux artistes, portés par des parcours souvent polémiques, ont vu leur notoriété s'enflammer malgré tout. Enima, de son vrai nom Samir Slimani, a surmonté d'importants obstacles juridiques, notamment une suspension d'expulsion annulée et plusieurs mandats d'arrêt au Canada, mais cela ne l'a pas empêché de briller. Il figure même parmi les artistes québécois les plus écoutés sur Spotify cette année, un exploit d'autant plus remarquable qu'il a tout accompli sans l'appui d'une maison de disques, un fait dont il est visiblement fier. Extrait de son album Dz d'Amérique 2024, ce remix marque un tournant pour Enima et VT, avec des flows qui croisent argot montréalais et sonorités européennes. Le résultat ? Un banger trap percutant où chaque rappeur impose son style avec une assurance déconcertante. — YS
Orville Peck & TJ Osborne, Waylon Payne & Fancy Hagood, « Rhinestone Cowboy »
Orville Peck a eu l’opportunité de collaborer avec de grands noms, de Willie Nelson à Beck, sur son album Stampede de 2024, mais ce morceau est peut-être l’incarnation la plus pure de la vision de l'album. À l'instar de la façon dont le Cowboy Carter de Beyoncé révèle les racines noires de la musique country, cet album présente une vision de la musique country qui a toujours existé, mais qui n’a pas toujours été acceptée par les autorités du genre. Cette version de « Rhinestone Cowboy » réunit quatre chanteurs de country ouvertement gays sur un classique de Glen Campbell, le transformant en ce que Peck qualifie de « rêve gay devenu réalité ». « Surtout après le 11 septembre, certaines personnes pensent que la country, c’est le patriotisme, spécifiquement le patriotisme américain, être blanc et hétéronormatif et vivre dans le Sud », a déclaré Peck dans une interview avec Billboard Canada. « Je ne me souviens pas que la vieille country ait été aussi restrictive. Elle avait plus de couilles que ça. Elle était aventureuse, créative et diversifiée. » Le point est fait. — RT
Lubalin, « Bullet Time »
Lubalin, collaborateur de Charlotte Cardin, qui a contribué à une grande partie de son album 99 Nights en 2023, s’est lancé en solo cette année avec son premier album haha, no worries. Le single « Bullet Time » témoigne une fois de plus de la collaboration fructueuse entre Lubalin et Cardin, qui coécrit le morceau. C’est un banger pop dynamique avec un refrain facilement mémorisable, abordant l’idée de faire une marche autour du quartier pour mieux voir les choses. — RLD
Jane Penny, « Beautiful Ordinary »
Cette année, la Montréalaise Jane Penny a révélé une nouvelle facette de son art avec Surfacing, un EP solo intime conçu entre Berlin et Montréal. Connue comme la voix et l’âme derrière le groupe indie pop TOPS, où elle est aussi flûtiste et cofondatrice, Penny explore ici un univers sonore plus atmosphérique et expérimental. Le titre « Beautiful Ordinary » est une ballade sublime teintée de synth-pop, mettant en avant sa voix envoûtante dans un registre différent de celui de TOPS. Avec son acolyte et ami d’enfance David Carriere, Penny a fait passer TOPS de la scène DIY montréalaise aux projecteurs internationaux, récoltant des critiques élogieuses pour leur son distinct et leurs performances électrisantes. Mais Surfacing prouve qu’en solo, elle sait aussi captiver. À ne pas manquer : TOPS sera l’un des deux groupes canadiens à jouer à Coachella 2025, aux côtés de The Beaches, qui ont également fait sensation cette année en remplissant le stade Budweiser à Toronto. — YS
Sunnsetter, « I Feel Everything »
Sunnsetter est mené par le multi-instrumentiste et compositeur Andrew McLeod, un membre clé des projets Zoon et OMBIIGIZI, pionniers du genre « moccasin gaze » dans le shoegaze autochtone. « I Feel Everything » provient de Heaven Hang Over Me, et présente un drone ambiant répétitif accompagné de voix douces et émouvantes. L’ambiance évoque celle de Sigur Rós, avec des sons en vagues qui procurent une sensation de purification. — KD
Bambii feat. BEAM & Lady Lykez, « Spit »
Ce single fait suite au mini-album Infinity Club de Bambii, sorti en 2023, qui, grâce à son mélange fluide et avant-gardiste de styles de musique dance, a permis à la DJ et productrice torontoise de se retrouver parmi les finalistes du Prix de la musique Polaris cette année. « Spit » est un morceau électrisant, un track dancehall frénétique et intensément sexy qui recrée l’atmosphère des pistes de danse saturées de sueur. L’impulsion haute intensité du morceau est renforcée par des échantillons vocaux haletants en arrière-plan, tandis que Lady Lykez et BEAM lâchent des couplets raffinés qui feront accélérer votre rythme cardiaque. — RLD
Caribou, « Broke My Heart »
Le prolifique Dan Snaith est revenu cette année avec un album dance sous son nom de Caribou, Honey, une œuvre faite pour faire circuler l’énergie. Le single « Broke My Heart » propose un envoi vibrant de musique dance, teinté de garage britannique. Toutefois, les synthés centraux et la percussion sont tellement précis qu’on ressent presque une forme de retenue, accentuée par la performance vocale manipulée de Snaith. Ce morceau capte l'attention grâce à son refrain vocal, initialement emprunté à Suzanne Vega puis modifié : Snaith transforme son chant doux en un ingrédient hypnotique qui invite les danseurs à se perdre dans la musique. — RLD
Tia Wood, « Catch & Release »
Tia Wood, originaire des Nations Cris des Plaines et Salish de la Côte, en est encore aux premiers pas de sa carrière, ayant sorti cette année son premier EP Pretty Red Bird sous Sony Music Canada, mais elle dégage déjà l'aura d’une star R&B. Wood a interprété plusieurs morceaux dans le cadre de Billboard Canada Women in Music, captivant à chaque fois l'attention du public. Le morceau luxuriant et assuré « Catch & Release » parle de « briser les cycles toxiques et avancer avec plus de légèreté et de confiance », explique Wood – et on peut vraiment ressentir cela dans son interprétation cool et soul. Quant à 2025, comme elle le chante ici, Wood pourrait bien s’élever encore plus haut. — RT