La mission d’Indo Warehouse : faire de l’Indo House un véritable mouvement mondial
Des plages mexicaines jusqu’à la scène de Coachella, Indo Warehouse fusionne les sonorités sud-asiatiques et la house pour les faire vibrer aux quatre coins du monde. À la veille de leur concert du 11 octobre au All That Glitters Diwali Ball à New York, le duo revient sur une ascension qui a conquis la planète.

Entrepôt Indo
Lorsque Kunal Merchant et Kahani se sont rencontrés à New York en 2021, aucun d’eux n’imaginait qu’ils seraient bientôt à l’origine d’un nouveau genre musical. Officiellement lancé en février 2022, Indo Warehouse est depuis passé de soirées underground confidentielles à des scènes internationales, portant haut ce qu’ils appellent l’Indo House — une musique électronique profondément ancrée dans la culture sud-asiatique.
« Nous avons toujours aimé la musique, mais jamais nous n’aurions cru en faire notre vie comme aujourd’hui », confie Kahani.
Ancien professionnel de la tech, il a tout quitté pendant la pandémie pour suivre une vocation créative, conscient du manque de représentation sud-asiatique dans la musique électronique. Une idée née sur une plage mexicaine s’est rapidement transformée en véritable obsession. Après une série de showcases à New York, il a contacté Merchant, déjà DJ et producteur à ses heures.
D’abord sceptique, Merchant explique que tout a basculé le jour où il a entendu des voix traditionnelles se mêler à des rythmes house — et surtout, vu la réaction du public dans les grandes villes américaines.
« Je me suis dit : waouh, c’est différent », raconte-t-il. « Je me demandais comment autant de gens pouvaient se retrouver sur la piste de danse autour de cette musique, ici, aux États-Unis. »
Ce moment a tout déclenché. En 2022, Indo Warehouse voyait officiellement le jour.
Indo Warehouse Savoir Faire
Pour eux, l’Indo House représente un genre totalement inédit. C’est une musique électronique qui puise dans les percussions, les chants et les instruments d’Asie du Sud, tout en restant ancrée dans les codes de la culture électronique mondiale. Si la house demeure leur socle, le duo souhaite que l’Indo House soit reconnue comme une catégorie à part entière, plutôt que d’être classée à tort sur les plateformes comme de l’Afro House ou un autre genre établi.
« C’est compliqué pour les artistes et source de confusion pour les fans », souligne Kahani. « Notre objectif est de faire de l’Indo House une catégorie officielle, parce que c’est important autant pour l’artiste que pour le public. »
Le duo a entrepris un véritable travail de lobbying auprès de Beatport et des principaux fournisseurs de services de streaming, tout en diffusant leur musique à travers le monde. Ils possèdent leur propre label, gèrent une playlist Spotify suivie par 20 000 abonnés et animent une émission mensuelle sur SiriusXM, « Diplo's Revolution ». Ils ont également porté leur vision sur les scènes de l’industrie musicale, notamment lors de l’International Music Summit d’Ibiza.
Mais un moment a marqué un tournant : Coachella 2025. Sur la scène Gobi, accompagnés de 40 danseurs, percussionnistes de dhol et artistes visuels, ils ont mis la culture sud-asiatique au cœur de leur performance.
« Il nous a fallu quatre à cinq mois pour tout préparer, de la scénographie aux tenues sur mesure fabriquées en Inde », raconte Kahani. « Nous voulions montrer que notre culture peut occuper la scène principale, et pas seulement se cacher derrière les platines. »
Le pari a été remporté. Leurs clips viraux ont rapidement circulé à l’échelle mondiale, et peu de temps après, la légende de la dance music Damian Lazarus a signé Indo Warehouse sur son label électronique Crosstown Rebels, les programmant pour son festival Day Zero à Tulum, au Mexique. Pete Tong, voix emblématique de la dance music sur BBC Radio 1, leur a même demandé de soumettre leur musique.
L’élan ne s’est pas arrêté là. Cette année, leur calendrier de tournées est particulièrement chargé. À Singapour, Indo Warehouse a assuré deux prestations pendant le Grand Prix de Formule 1 : un set DJ au stand avant la course et un véritable showcase culturel avec danseurs et percussionnistes de dhol le soir suivant. « La plupart des artistes n’ont droit qu’à un petit créneau lors d’un événement comme la F1, mais qu’on nous ait programmés pour deux sets différents, c’était incroyable », raconte Merchant.
De retour à New York, le duo se prépare pour sa prochaine performance au All That Glitters Diwali Ball, le 11 octobre, un rassemblement de créateurs sud-asiatiques qui coïncide avec le festival des lumières.
« Être chez nous pour Diwali, c’est vraiment spécial », confie Kunal. « C’est l’occasion de célébrer avec notre communauté et de faire découvrir notre musique à ceux que nous admirons et respectons. »
Indo Warehouse Yulia Skya
L’essor d’Indo Warehouse tombe à point nommé. La musique sud-asiatique connaît un véritable rayonnement international, portée par des artistes comme Diljit Dosanjh et Karan Aujla. Si des collaborations avec de grands noms sont possibles, Indo Warehouse privilégie l’authenticité à la notoriété.
« L’artiste doit aussi vouloir entrer dans notre univers », explique Merchant. « Nous préférons d’abord construire le son, puis trouver la voix qui lui correspond. »
Pour Kahani, une collaboration rêvée serait avec Shahzaman Fateh Ali Khan, le fils de Rahat Fateh Ali Khan, dont la voix, selon lui, porte l’héritage de Nusrat. Raja Kumari figure également parmi leurs artistes de prédilection. « Pour moi, c’est une diva de la house. J’adorerais être en studio avec elle », confie Merchant.
Le succès d’Indo Warehouse est particulièrement notable au Canada. C’est là que Diljit Dosanjh a récemment battu des records avec des concerts dans des stades, et c’est également le berceau d’artistes comme Karan Aujla et AP Dhillon, faisant du pays un véritable pôle mondial de la musique pendjabi.
« Le Canada a été incroyable — le public est ouvert, mature et prêt à nous laisser l’emmener dans un voyage », raconte Merchant.
Toronto, affirment-ils, est l’un de leurs marchés les plus dynamiques. Ils ont également tourné à Vancouver, Calgary et Montréal, et prévoient d’y revenir bientôt.
En Inde, leur concert au Dome Mumbai a constitué un tournant, le public réagissant avec enthousiasme à la fusion des sonorités sud-asiatiques et des rythmes électroniques venus du monde entier. Pour l’avenir, le duo travaille sur une nouvelle série de sorties, créant pour la première fois ensemble leur musique en studio plutôt que séparément. Ils se préparent aussi à retrouver leurs racines en Inde à la fin de l’année avec de nouveaux morceaux.
Pour Merchant et Kahani, la mission reste limpide : l’Indo House est un mouvement mondial en devenir.
« Nous savons que nous ne pouvons pas y arriver seuls », conclut Kahani. « Nous avons besoin de plus de producteurs, d’auteurs-compositeurs et d’artistes. C’est comme ça que ça va basculer. »