Exporter la musique canadienne à l’international : les enseignements clés de la table ronde « 40 Under 40 » de Billboard Canada et de la CAAMA
Réunissant le commissaire commercial Jeffrey Crossman, l’avocat spécialisé en divertissement Paul Farberman et le rédacteur en chef de Billboard Canada, Richard Trapunski, le panel a offert à la prochaine génération d’artistes et de leaders des outils concrets et des perspectives pour renforcer leur présence sur la scène mondiale.

De gauche à droite : Jeffrey Crossman, Richard Trapunski, Paul Farberman, Micah Barnes lors du panel « Becoming Export Ready : Taking Canadian Music to the World » au Billboard Canada 40 Under 40 à Toronto le 20 novembre 2025.
CONTENU PARTENAIRE
Billboard Canada et l’Association canadienne pour l’avancement de la musique et des arts (CAAMA) se sont associés afin de mettre en lumière les artistes canadiens émergents et les chefs de file de l’industrie musicale sur la scène mondiale.
En amont du tout premier événement Billboard Canada 40 Under 40, tenu le 20 novembre, la publication et l’organisme professionnel ont réuni un panel d’experts afin de s’adresser à la nouvelle génération de professionnel·le·s de l’industrie musicale au pays, en leur offrant des conseils concrets pour être « prêts à exporter » à l’échelle internationale.
Animée par Micah Barnes, auteur-compositeur-interprète et cofondateur de l’initiative de coaching vocal Singers Playground, la discussion réunissait Jeffrey Crossman, commissaire commercial et agent culturel du Canada, Paul Farberman, avocat et gestionnaire reconnu dans le domaine du divertissement, ainsi que Richard Trapunski, rédacteur national chez Billboard Canada.
Ce panel a également marqué le lancement d’un partenariat entre Billboard Canada et la CAAMA, visant à promouvoir et à créer des occasions concrètes pour la prochaine génération de leaders de l’industrie musicale. Depuis plus de trente ans, cet organisme canadien sans but lucratif œuvre au développement des entreprises musicales locales, tant au Canada qu’à l’international.
La table ronde est accessible en rediffusion ci-dessous et sera également diffusée en ligne par la CAAMA le 18 décembre à midi.
Points saillants du panel « L’export en ligne de mire : comment faire rayonner la musique canadienne à l’international »
De Drake et The Weeknd à Justin Bieber et Tate McRae, plusieurs des plus grandes vedettes actuelles sont originaires du Canada. Si leur ascension a d’abord pris forme sur la scène nationale, c’est l’industrie musicale internationale qui a véritablement permis d’élargir leur portée et leur public.
« Les Canadiens ont presque toujours besoin d’un appui international s’ils veulent s’imposer sur la scène mondiale », a souligné Micah Barnes en ouverture du panel, à la suite d’une introduction de la présidente de la CAAMA, Patti Jannetta.

Farberman a rappelé que, pendant des décennies, la reconnaissance internationale d’un artiste passait presque systématiquement par une collaboration avec l’une des trois grandes maisons de disques — Universal Music, Sony Music et Warner Music. Or, ces dernières années, il est devenu de plus en plus difficile pour de nombreux artistes de percer, même au Canada, en s’appuyant uniquement sur le soutien d’un label majeur.
Aujourd’hui, explique-t-il, les artistes privilégient les réseaux sociaux pour promouvoir leur musique et bâtir leur public.
« Ils préfèrent garder la maîtrise de leur destin, contrôler leur produit, leurs décisions créatives et éviter de céder ce qu’ils devraient inévitablement abandonner en rejoignant l’une de ces grandes entreprises », a-t-il souligné.
Les panélistes ont ainsi convenu que disposer d’une équipe traditionnelle ou être affilié à un grand label n’est plus systématiquement un prérequis au succès.
En 2024, Justin Bieber s’est séparé de son manager de longue date, Scooter Braun, et a repris le contrôle de sa carrière par l’entremise du Bieber Family Office, naviguant désormais dans l’industrie musicale selon ses propres règles. Cette année, la star pop a notamment décroché un cachet de 10 millions de dollars pour être tête d’affiche de Coachella l’an prochain, en négociant directement avec le promoteur Goldenvoice.
De leur côté, The Beaches — couronnées Groupe de l’année par Billboard Canada — ont connu une ascension remarquable tout en demeurant fidèles à leurs valeurs. Après le succès viral de « Blame Brett » en 2023, le groupe a su transformer sa notoriété numérique en une carrière durable. Depuis la fin de son contrat avec une grande maison de disques, la formation remplit désormais les salles, dont la Scotiabank Arena de Toronto, sa ville natale. Leur collaboration avec la gérante Laurie Lee Boutet et une équipe majoritairement féminine leur a permis d’affirmer leur identité artistique et de propulser leur carrière vers de nouveaux sommets.
« De nos jours, il est souvent moins crucial de s’entourer d’un gestionnaire chevronné et établi que de travailler avec une personne jeune, créative, innovante, animée d’idées neuves et entièrement dévouée à l’artiste », a affirmé Farberman.
À la fin des années 1980 et dans les années 1990, Farberman a lui-même joué un rôle clé dans l’ascension internationale de Céline Dion. Après sa signature chez Sony en 1986, l’artiste a amorcé une carrière exceptionnelle qui l’a menée bien au-delà de sa province et de son pays d’origine. Son premier succès mondial, « Where Does My Heart Beat Now », paru en 1990 sur Unison, son premier album en anglais, a attiré l’attention des maisons de disques américaines et ouvert la voie à la sortie de son album éponyme en 1992.
Farberman a également salué le défunt mari et gérant de la chanteuse, René Angélil, pour son « sens aigu des affaires », soulignant notamment son insistance à ce que Dion interprète « My Heart Will Go On », la chanson phare de Titanic, qui a contribué à propulser sa carrière sur la scène mondiale. « René et Céline ont toujours reconnu le rôle déterminant de Sony », a-t-il ajouté.
Selon Richard Trapunski, les médias demeurent eux aussi un levier essentiel dans l’exportation des artistes canadiens — un rôle rendu plus complexe aujourd’hui par la diminution du nombre de médias spécialisés en musique au pays.
« Il existe une multitude d’artistes qui pourraient devenir le prochain Justin Bieber », a-t-il déclaré. « Ils ont simplement besoin d’une occasion. Il faut leur offrir une plateforme. »
Trapunski a souligné l’importance d’une publication comme Billboard Canada, intégrée au réseau mondial Billboard et capable d’offrir une vitrine internationale aux talents d’ici.
« C’est souvent une question de repérage, a-t-il poursuivi. Il s’agit d’identifier les artistes avant qu’ils n’explosent — non seulement au Canada, mais partout dans le monde. »
Il a notamment cité Charlotte Cardin, nommée Femme de l’année par Billboard Canada en 2024, puis sacrée Femme de l’année internationale lors des Billboard Women in Music à Los Angeles. Originaire de Montréal, l’artiste a conquis l’Europe et les États-Unis grâce à sa pop soul, portée notamment par « Confetti », qui est restée 16 semaines au palmarès américain Adult Pop Airplay.

La toute première couverture de Billboard Canada mettait en lumière ce que le magazine a baptisé la « vague Pendjabie », en présentant cinq artistes canadiens d’origine pendjabie — Ikky, Karan Aujla, AP Dhillon, Jonita et Gurinder Gill — qui redéfinissent le son à l’échelle mondiale. Bien qu’ils remplissent des salles et cumulent des millions d’écoutes en continu partout dans le monde, ces artistes ont longtemps bénéficié d’un soutien limité de la part des médias et de l’industrie musicale canadienne. Aujourd’hui, ils rassemblent une base de fans massive, aux côtés de figures internationales comme Diljit Dosanjh, qui a lui aussi conquis le public canadien.
L’exportation musicale ne se limite toutefois pas au marché américain, a rappelé Trapunski. De plus en plus — notamment à la suite des droits de douane imposés sous l’administration Trump — de nouvelles avenues d’exportation s’ouvrent à travers le monde, de l’Allemagne à l’Inde.
« Il ne s’agit pas seulement du Canada et des États-Unis, a-t-il souligné. Parce que les États-Unis sont tout près, on a parfois tendance à penser uniquement dans cet axe. Or, ce qui rend la musique canadienne si passionnante en ce moment, c’est justement la diversité des voix et leur connexion naturelle avec le reste du monde. »
Créer un lien mondial durable entre les artistes et leur public demeure un élément clé du succès à l’international.
Jeffrey Crossman, délégué commercial et agent culturel au Service des délégués commerciaux du Canada, travaille étroitement avec des entrepreneurs canadiens issus de l’ensemble des industries créatives — musique, cinéma, télévision et édition — afin de permettre aux équipes artistiques de se développer solidement au pays, tout en favorisant un rayonnement international.
« Je souhaite vraiment que les artistes demeurent au Canada et que leur art continue de rayonner à l’étranger », a-t-il affirmé.
« Je ne crois pas qu’il faille laisser les artistes survivre dans la précarité. Je veux qu’ils soient rémunérés. Je veux que les gérants, les maisons de disques et les éditeurs soient présents, qu’ils diffusent les œuvres et permettent aux artistes de rester au Canada pour écrire, produire, interpréter et enregistrer. Une fois l’œuvre diffusée, c’est alors le moment de la célébrer. »
Au-delà de la seule logique d’exportation, le rôle de Crossman s’inscrit à la croisée de la promotion et de la valorisation de la culture canadienne. Il qualifie d’ailleurs les leaders de l’industrie musicale d’un océan à l’autre de « moteur de notre économie », soulignant l’importance de soutenir une nouvelle génération d’entrepreneurs travaillant aux côtés d’artistes émergents qui incarnent les valeurs fondamentales du pays.
« Nous voulons célébrer ces artistes canadiens qui se produisent ici, afin de démontrer — de manière profondément émotive — ce qui fait l’essence du Canada et ce qui nous rend uniques, en touchant directement les valeurs du public », a-t-il expliqué. « C’est, à mon sens, un outil de communication extrêmement puissant. »
La CAAMA invite le public à se joindre à elle le mercredi 18 février 2026 pour une séance de rencontres virtuelles interentreprises (B2B). Cette initiative permettra aux Canadien·ne·s intéressé·e·s ainsi qu’aux membres de la CAAMA d’échanger en ligne avec des programmateurs, des organisateurs de festivals et des promoteurs du monde entier. Les lauréat·e·s du palmarès Billboard Canada 40 Under 40, les lecteurs, lectrices et les membres de la CAAMA sont invité·e·s à y participer.
Pour plus d’information, rendez-vous sur caama.org.





















