Charlotte Cardin est la Femme de l’Année Billboard Canada
Depuis la sortie de son deuxième album 99 Nights, l’autrice-compositrice-interprète montréalaise a passé une année à conquérir le monde.
Charlotte Cardin n’a pas le temps de s’arrêter.
Après avoir fait paraître l’album pop 99 Nights en août 2023, la Montréalaise a sorti deux EPs, a enchaîné les tubes et les palmarès et a réussi à percer à l’international jusqu’au match des étoiles de la NBA et à un gala où elle a joué devant le président américain Joe Biden. Alors qu’elle poursuit une tournée mondiale qui l’a conduite partout en Amérique du Nord et en Europe, elle se rendra bientôt à Toronto pour recevoir un honneur de taille.
Cardin est en effet est la première artiste canadienne à recevoir le prix Woman of the Year, comme Taylor Swift, Beyoncé, Madonna, Billie Eilish, SZA et Karol G auparavant, de Billboard à l’occasion de l’arrivée de l’événement au Canada.
L’autrice-compositrice-interprète montréalaise par ailleurs récipiendaire de deux prix Juno plus tôt cette année donne ainsi le la d’une phase inédite de sa carrière en pop: depuis moins d’un an, le tournant est incontestablement international.
Cardin, qui n’a pas encore 30 ans, mais travaille depuis son adolescence – d'abord comme mannequin, puis en apparaissant dans les versions québécoise et française de The Voice, avant de se faire connaître comme chanteuse avec son premier EP en 2016 et son premier album en 2021– a atteint de nouveaux sommets depuis la sortie de 99 Nights l’année dernière.
Place aux voyages, place aux expériences.
«On ne peut pas s'arrêter beaucoup», confie-t-elle lors d’une entrevue-fleuve accordée à Billboard Canada pendant une rare escale à Montréal, sa ville natale.
Charlotte CardinAlexis Belhumeur
Fatiguée, Charlotte Cardin? Dur à dire. Au contraire, alors qu'elle pose pour la couverture numérique de Billboard Canada et s'assoit pour discuter avec nous, elle déborde d'énergie – se réjouissant de la perspective de parcourir le monde avec la musique qu'elle a pris le plus de plaisir à créer dans toute sa carrière.
Depuis un an, sa tournée 99 Nights qui compte des dizaines et des dizaines de dates à son actif, l’a par exemple emmenée à la rencontre de ses publics qui se bousculent pour l’applaudir de Manchester à Berlin en passant par Los Angeles, Toronto, Bruxelles, Halifax, Victoria, Québec ou encore Seattle.
«On a vraiment été dans des endroits chouettes, où on n'était jamais allé auparavant», souligne Cardin. Pour elle, rencontrer un public pour la première fois est toujours chose agréable et excitante.
Au fil de ses spectacles, Cardin aime en effet identifier les diverses réactions de ses publics, noter leurs spécificités culturelles et les subtilités de réception qui les rendent uniques.
«Par exemple, la première fois que j’ai joué en France, j’ai remarqué que les gens tapaient dans leurs mains au rythme des chansons pendant toute la durée du concert», se souvient-elle. «C'est un truc qu'on ne fait pas vraiment ailleurs dans le monde.»
La Montréalaise évoque aussi des spectateurs tantôt plus attentifs, tantôt plus réactifs et expressifs. «C'est un beau défi d’apprendre à naviguer les nouveaux publics», souligne-t-elle.
Celle qui apprend beaucoup lors de chacun de ses concerts se plaît également à revenir sur ses pas. «C'est fun parce que tu retrouves un public avec qui tu as déjà créé une connexion», dit Cardin.
Et c’est peu dire. Cardin peut se vanter d’avoir rempli certaines des plus grandes salles du Québec, notamment 13 spectacles consécutifs à guichets fermés au MTELUS de Montréal, qui compte 2 300 places, en 2022, une tête d'affiche au festival Osheaga dans sa ville natale en 2023, et quatre soirées à la place Bell de Laval, qui peut accueillir 10 000 personnes, en février dernier.
Chez elle, l’héroïne québécoise ne manquerait ses spectacles sous aucun prétexte, et surtout pas pour un mal de gorge, alors que plusieurs générations de fans se rassemblent pour écouter sa pop accrocheuse à l’unisson.
Quoi qu’il en soit, peu importe où le concert est donné, l’accueil réservé à Cardin est souvent très chaleureux, «avec un bel échange et de beaux moments», mais aussi «des vibes bien différentes», dit-elle.
De nouveaux publics, Cardin a aussi eu l’occasion d’en rencontrer des bien particuliers. Il y a moins de six mois, l’autrice-compositrice-interprète a notamment chanté l'hymne national canadien au match des étoiles de la NBA du 18 février à Indianapolis.
«C'était fou! Pendant que je faisais mon sound check, il y avait Lebron James qui s'échauffait à côté de moi… ça n'avait aucun sens, mais c'était très cool», raconte-t-elle, des étoiles encore plein les yeux. Lorsqu’on lui fait ce genre de proposition qui n’arrive qu’une fois dans la vie, Cardin, humble, se sent honorée. «Il n'y a pas une seule partie de moi qui hésite à dire oui parce que je trouve que c’est un véritable cadeau», indique-t-elle.
Et puis, que dire du souper de gala qui a eu lieu à Ottawa en mars 2023? Cardin y avait interprété en avant-première le titre Next To You de 99 Nights, coécrit avec Patrick Watson, et une reprise de Hallelujah du Montréalais, lui aussi, Leonard Cohen devant le président américain Joe Biden, le premier ministre canadien Justin Trudeau et des invités triés sur le volet.
«C'était quand même très surréel et j'étais un peu terrorisée, mais je n’oublierai jamais ce moment…», avoue-t-elle.
Le choix de Hallelujah n’est d’ailleurs pas anodin, puisque Cardin venait d’apprendre qu’il s’agissait de l’une des chansons préférées de Biden. Dès qu'elle eut terminé sa performance, celui-ci fut même le premier à se lever pour lancer une ovation. «On s'est ensuite présentés de façon très gentille et très cordiale et il m'a félicitée et m'a dit qu'il avait beaucoup aimé ça», relate-t-elle.
Si elle signale être en train de préparer son prochain album et de poursuivre sa tournée, Cardin veut tout de même prendre le temps de célébrer chacune des victoires comme celles-ci. «C'est le fun de s'arrêter un peu pour vivre pleinement tout ça», précise-t-elle.
Charlotte CardinAlexis Belhumeur
Le prix Woman of the Year de Billboard Canada apparaît donc comme une nouvelle corde à son arc déjà bien garni.
Ce n’est pas tout: Cardin continue ses prouesses en tant qu’artiste québécoise à l’international, toujours grâce à 99 Nights, un disque qui relate une période mouvementée de sa vie, ponctuée par des questionnements existentiels, quelques contradictions, une envie de liberté.
La chanson titre de l’album, une ballade pop où elle raconte de sa voix suave un amour déçu, s’est ainsi retrouvée en avril dernier dans le Billboard Canadian Hot 100, au moment même ou Taylor Swift raflait tout sur son passage avec The Tortured Poets Department, élargissant la reconnaissance comme avec ses précédents morceaux aux aussi dans le palmarès - Next To You, Puppy, Jim Carrey et Confetti. Pour rappel, à l’époque de sa sortie, l'album 99 Nights avait aussi atterri dans le classement Billboard Canadian Albums pour y rester 31 semaines.
Plus tôt cette année, en mars, Confetti a réussi à gagner le classement américain de Billboard Adult Pop Airplay. La chanson y est restée seize semaines. «C’est chouette de voir que ma musique voyage et puisse être découverte par de plus en plus de monde», sourit Cardin, qui espère que la tendance d’exploration de nouveaux territoires se maintienne dans les années à venir.
Et les signaux semblent d’ores et déjà avoir passé au vert pour Cardin, puisque son concert du 6 décembre prochain dans le mythique Zénith de Paris, qui peut accueillir quelque 7000 spectateurs, est déjà complet. D’ici là, elle ira également à la rencontre de ses fans au Caire, à Istanbul, à Ankara ainsi qu’en France et en Belgique.
Grâce à sa pop efficace et accessible, Cardin est l'une des rares artistes francophones québécoises – empruntant la voie tracée par Céline Dion et parcourue par des artistes comme Cœur de pirate – à percer en Ontario, dans le Canada anglophone et aux États-Unis.
«Pouvoir exporter ma musique me fait tellement de bien, c'est même la chose qui me rend le plus heureuse, parce que depuis que je suis toute petite je veux en faire ma carrière, et, ça me réjouit d'autant plus de savoir que ça peut faire du bien d'autres personnes», assure-t-elle.
Dans une lignée de fidélisation de ses publics américains et européens, Cardin a à ce propos sorti deux EP récemment, A Week in Nashville en mai dernier et Une semaine à Paris en novembre 2023. Alors qu’elle chante d’habitude en anglais, Une semaine à Paris apparaît comme une tentative de plaire à ses fans francophones du Québec et d’ailleurs, notamment avec une version en français de Confetti.
«J'avais juste besoin d'écrire de la musique en français parce qu'après 99 Nights, on se sentait encore créatifs et inspirés, il n'y a pas vraiment de décision très rationnelle, simplement un élan et une envie à satisfaire», assure-t-elle toutefois.
Charlotte CardinAlexis Belhumeur
Si Cardin utilise régulièrement le «nous» pour aborder sa musique, c’est que, pour elle, l’esprit d’équipe est essentiel pour aller de l’avant. Depuis ses débuts, la Montréalaise compte sur une garde rapprochée dont le cœur est resté le même, comme sa manager Laurie Chouinard, qui œuvre dans sa maison de disques Cult Nation depuis 2016, et à qui Billboard Canada remet aussi le prix Manager of the Year lors de ses Women in Music.
«C'est important pour moi, parce que pour toutes les raisons du monde, j'ai l'impression qu'il n’y a rien de mieux que d'être proche de mes collaborateurs», confesse-t-elle.
À ce propos, elle les qualifie d’ailleurs d'abord et avant tout d'amis.
«C’est agréable de vivre ces choses avec des amis qui ont vécu toutes les étapes de ma carrière et qui étaient là dès les premiers concerts dans les pubs et toujours présents pour les quatre arénas à Montréal devant 10 000 personnes par soir», précise-t-elle. Grâce à ce groupe qui la suit depuis le premier jour, Cardin se dit fière du chemin parcouru.
« On voyage énormément, on ne voit pas souvent nos familles donc il y a beaucoup de sacrifices à faire et c’est chouette de pouvoir vivre ça avec des gens qui sont là depuis longtemps», dit-elle.
Ce noyau dur lui a ainsi permis de garder les pieds sur terre, non seulement en tournée, mais aussi dans l'écriture de sa musique. Le processus de création de l'album, entamé à l'été 2021 en pleine pandémie et après la sortie de Phoenix, est né d’une impossibilité de partir en tournée. C’est alors qu' elle a commencé à écrire de nouvelles chansons et à partager ses histoires.
«J'avais vraiment besoin de ce rapport-là, parce que quand j'ai commencé à écrire l'album 99 Nights, je traversais beaucoup de choses au niveau personnel et passer de beaux moments avec mes amis m’a permis de canaliser ce surplus d'émotions qui me pesait», explique-t-elle.
Ces liens étroits avec ses collaborateurs de confiance l’ont donc poussée à aller de l’avant et à s’améliorer en tant qu’autrice et en tant qu’interprète pour raconter les histoires qui lui passaient par la tête. Un peu à la manière d’une thérapie.
«C'était une manière pour moi de me changer les idées et d'encapsuler un moment de ma vie dans lequel je ressentais tout de façon très intense pour évacuer le tout un processus créatif qui m’a fait énormément de bien», poursuit Cardin.
Avec le recul, cette phase prolifique de création a permis à Cardin d'élargir son terrain de jeu musical, mais aussi de s’aventurer vers l’inconnu et de tout simplement s'amuser avec les sonorités, comme le rock, les thèmes et les paroles de 99 Nights.
« Je me suis laissée aller musicalement, peut-être un peu plus que ce que j'avais déjà fait dans le passé. Je ne sais pas si je peux dire que j’ai réellement pris des risques, parce que pour moi, c'était naturel d'explorer ces nouvelles avenues et de mélanger les styles », note-t-elle.
Bien qu’elle partage aujourd’hui son temps entre Paris et Montréal, Cardin tient à conserver des liens solides avec la métropole québécoise, où se trouvent ses chers collaborateurs, ses amis et sa famille. « J'ai grandi ici et la majorité de mes souvenirs sont à Montréal, la plupart des gens que je connais aussi», dit-elle.
C’est donc de façon la plus naturelle qui soit que la vedette pop a travaillé avec des Montréalais, dont l’auteur-compositeur-interprète et pianiste Patrick Watson, le rappeur Skiifall et le compositeur/producteur/vedette de TikTok Lubalin, qui prépare également son premier album, haha, no worries, qui va sortir cette année chez Cult Nation, pour 99 Nights.
«Bien sûr, je ne me suis jamais dit “il faut absolument qu’il y ait des artistes montréalais sur l’album”, mais la vie fait bien les choses», dit-elle.
Aujourd'hui, quand elle partage ses chansons sur scène, Cardin ressent une émotion particulière – celle de savoir que les fans se connectent à son histoire, y compris ses relations personnelles et son riche passé au Québec.
« Ce sont des choses qui me sont très chères et significatives de savoir que certains peuvent s’identifier à ces histoires-là, c'est tout ce que je pouvais demander avec cet album-là », relève-t-elle.
99 Nights appartient désormais à l’univers et tout reste encore possible pour Cardin.
Charlotte Cardin recevra le prix Woman of the Year et se produira lors de la soirée des Women in Music de Billboard Canada le 7 septembre 2024 à Toronto. Les billets sont disponibles ici.