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Temps forts des Francos de Montréal 2025 : une langue, mille visages

Du 13 au 22 juin, la métropole s’est à nouveau transformée en capitale vibrante des musiques francophones. Une édition éclatée et audacieuse où slam orchestral, rap de quartier, rock contemplatif et créole mutant ont réaffirmé une vérité essentielle : la langue française, loin d’être figée, est un terrain de jeu infini.

Temps forts des Francos de Montréal 2025 : une langue, mille visages

Theodora

Francos 2025

À Montréal, le mois de juin rime avec musique, et les Francos en sont la preuve éclatante. Cette année encore, le festival a mis à l’honneur toute la richesse de la langue française dans ce qu’elle a de plus vivant, de plus vibrant, et surtout… de plus varié. Car si le français est un fil conducteur, chaque artiste l’habite à sa manière, avec son accent, son vécu, ses formules, ses images, ses combats. Entre poésie urbaine, rock nerveux, slam grand format et créole hybride, les Francos 2025 ont prouvé que le français n’a jamais été aussi éclaté – et ça, c’est pas des blagues.

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Ce que les Francos 2025 ont prouvé, c’est que la langue française n’est pas un monument immobile. Elle est vivante, inventive, plurielle. Elle peut être slamée par un poète de Saint-Denis, scandée par une rappeuse afro-futuriste, murmurée par un groupe indie ou martelée dans l’argot d’un quartier montréalais. Des expressions congolaises aux régionalismes québécois, des anglicismes détournés aux clins d’œil créoles, le français a dansé dans tous ses états cette année. Et s’il fallait résumer le festival en une seule phrase, ce serait celle-ci — simple, directe, locale : c’était full bon, là.

Théodora : du bouyon au micro, du feu dans les mots

Il y a un an à peine, peu de Québécois·es connaissaient son nom. Aujourd’hui, Théodora est partout. Révélée en France, la rappeuse et chanteuse a confirmé à Montréal son ascension fulgurante. Mercredi soir, à 21 h, elle a rempli la SAT à guichet fermé pour défendre Bad Boy Lovestory, un projet acclamé où se croisent confessions intimes et prises de position identitaires.

Et comme elle ne fait jamais rien comme les autres, elle a annoncé en plein show un concert surprise gratuit prévu le samedi suivant à 16 h, en plein air. Résultat : une foule compacte, électrique, et une performance habitée comme rarement on en voit.

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Ce succès, elle le doit autant à son magnétisme sur scène qu’à l’écho viral de ses morceaux. En quelques mois, Théodora est passée du statut d’artiste confidentielle à phénomène transatlantique. Son single « Kongolese sous BBL », certifié or en France, est devenu un hymne générationnel, une claque auditive pour celles et ceux qui se reconnaissent dans une musique à la croisée des cultures et des esthétiques.

Ce qui fascine, c’est cette capacité à passer sans effort du rock électrique à la trap viscérale, du zouk au drum and bass, sans jamais perdre son ancrage identitaire. Sur scène, elle ne rappe pas : elle incarne. Entourée de son frère et producteur Jeez Suave, elle lâche un flow tranchant, parsemé d’expressions congolaises, de verlan et de références caribéennes. Elle parle santé mentale, genre, amour et colère. Et elle touche juste.

Des titres comme « Lili aux Paradis Artificiels » ou « Bad Boy Lovestory » claquent comme des manifestes hyperféminins. Sa musique fait pleurer, danser, crier — parfois tout à la fois. Théodora n’a pas seulement séduit Montréal : elle y a imposé sa vision, son feu, son époque.

Grand Corps Malade : quand les mots prennent la scène

Jeudi soir, à 21 h, la Place des Festivals s’est tue pour écouter. Grand Corps Malade, avec sa voix grave et son regard doux, a pris possession de la grande scène. Slam orchestral, mise en lumière soignée, orchestre au complet : le format était grandiose, mais l’émotion restait à hauteur humaine.

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De « J’ai vu la lumière » à « Mesdames », jusqu’au duo virtuel avec Camille Lellouche sur « Mais je t’aime », chaque mot tombait avec précision. Pas un ne sonnait faux. Il parle de ses enfants, d’Aznavour, de Montréal — et tout le monde se sent un peu chez soi. Son français est clair, classique parfois, mais jamais poussiéreux. Il joue avec les rythmes, les silences, les doubles sens. Et il touche au cœur.

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Corridor : parler peu, jouer fort

À 19 h 30 ce vendredi-là, la scène SiriusXM s’est enveloppée d’une tension feutrée. Corridor entre en scène, dit à peine bonsoir. Quelques mots sur la météo, des remerciements sobres. Puis le silence, et la musique. Leur rock anguleux, presque mathématique, devient organique en live. Les titres de Mimi s’épaississent, prennent de la hauteur. « Caméra » devient incantatoire, « Jump Cut » rebondit dans les silences comme un dialogue avorté.

Ils ne cherchent pas à séduire, mais à envelopper. Leur français est minimaliste, leurs regards fuyants, mais tout passe dans les textures, les riffs, les breaks. Comme une poésie froide, venue d’un autre monde. Le genre de set qui laisse des traces invisibles.

Shreez : le rap de quartier, avec le sourire en coin

Le samedi 21 juin, à 20 h, Shreez a pris d’assaut la Scène Loto‑Québec (Le Parterre) pour conclure la 36e édition des Francos. Un moment attendu, et il n’a pas déçu. Micro en main, crew en arrière, sourire en coin, il a ramené Montréal-Nord sur scène — avec tout ce que cela implique : verlan, créole haïtien, argot local, et une énergie brute.

« On Frap », « Pas d’time », « Money Call » : ses classiques résonnent fort, font sauter la foule. Mais c’est dans les interludes plus posés, quand le beat ralentit et que les mots prennent plus de place, qu’on mesure l’étendue de sa plume. Shreez sait raconter. Il sait aussi jouer avec son public — ses interjections (« yo, check ça ! ») sont autant de clins d’œil complices aux Montréalais·es présent·es dans le public.

Son concert était ancré, sincère, 100 % local. Une fin parfaite pour une scène qui n’aura pas manqué de livrer, cette année encore, de véritables moments de grâce.

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Rapport sur les ventes de musique au Canada : semaine se terminant le 19 juin 2025
Photo de Lukas Blazek sur Unsplash
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Voici le rapport national hebdomadaire de Luminate Data Market Watch, avec les dernières statistiques sur les ventes d’albums canadiens, les écoutes en streaming, les ventes numériques et bien plus encore.

Le rapport hebdomadaire de Luminate Data Market Watch présente les statistiques de l’industrie musicale canadienne pour la semaine en cours ainsi que depuis le début de l’année, avec des comparaisons par rapport à l’année précédente. Ce tableau est mis en ligne chaque mardi.

L’abréviation TEA (pour album équivalent à des titres) fait référence à l’équivalent d’un album basé sur les ventes de morceaux numériques : 10 téléchargements de titres équivalent à un album.


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