Les casques de chantier avaient laissé place aux projecteurs pour le tout premier concert officiel du TD Coliseum de Hamilton, en Ontario, vendredi soir (21 novembre) — et la soirée s’est ouverte avec éclat.
L’ancien Copps Coliseum / FirstOntario Centre, entièrement métamorphosé pour près de 300 millions de dollars par la société américaine Oak View Group, accueillait pour son inauguration l’une des dernières légendes vivantes de la musique populaire : Sir Paul McCartney. Un choix stratégique qui positionne d’emblée la salle comme une alternative crédible au marché torontois, tout en affirmant son ambition de devenir une destination musicale à part entière et la nouvelle vitrine canadienne d’Oak View Group.
La carrière de McCartney, riche en classiques intemporels — des Beatles à Wings, jusqu’à ses albums solos — a fait vibrer un public multigénérationnel de 18 000 personnes, qui reprenait en chœur des titres devenus de véritables hymnes collectifs, comme « Let It Be » ou « Hey Jude ». Pour l’occasion, GO Transit avait prolongé ses horaires, permettant aux spectateurs venus de l’extérieur de quitter Hamilton 40 minutes après la fin du concert, vers 23 h. Dans les trains fonçant vers Toronto, les refrains et les « na na na » continuaient de flotter dans l’air pendant près de deux heures.
Au milieu de la soirée, McCartney, qui fêtera bientôt ses 84 ans, s’est amusé à sonder la salle : « Qui vient de Hamilton ? » Puis, « Qui n’en vient pas ? » À l’oreille, le rapport semblait pencher vers 60 % de visiteurs pour 40 % d’habitants. Dix ans après sa dernière venue, l’artiste est revenu avec un long parcours de 36 chansons, approchant les trois heures de performance.
Le concert suivait une structure impeccable, traversant toutes les périodes de sa carrière. McCartney en a profité pour proposer une petite fresque des débuts des Beatles : leur toute première chanson enregistrée, « In Spite of All the Danger », la première destinée à George Martin, « Love Me Do », puis leur premier numéro un, « From Me to You ». Il a également interprété « Now and Then », la chanson écrite par John Lennon et complétée grâce à l’intelligence artificielle en 2023, prolongeant ainsi l’héritage du groupe jusque dans le présent.
À ses côtés, un groupe solide : Rusty Anderson à la guitare, Brian Ray à la basse et à la guitare, Paul Wickens aux claviers et Abe Laboriel Jr. à la batterie. Une section de cuivres à trois voix enrichissait l’ensemble, et le Paris Port Dover Pipe Band a rejoint la scène pour une interprétation émouvante de « Mull of Kintyre ».
La production, pensée pour mettre en valeur les nouvelles capacités audiovisuelles du Coliseum — désormais entièrement dédié à la musique, sans équipe sportive permanente — offrait un spectacle à grande échelle. D’immenses écrans LED surplombaient la scène, diffusant archives des Beatles, extraits du documentaire Get Back, animations flirtant parfois avec l’excès et, moment plus déroutant, une interprétation en langue des signes par Natalie Portman et Johnny Depp tirée du clip « My Valentine ». Les écrans étaient omniprésents, jusque derrière le piano de McCartney.
Le point culminant de la soirée fut sans conteste « Live and Let Die ». Après une introduction douce au piano, la chanson a littéralement éclaté en un déluge de pyrotechnie : explosions de feux d’artifice, projections de flammes, lasers en cascade. Des premiers rangs jusqu’aux gradins supérieurs, la salle entière est entrée en vibration. Une séquence spectaculaire, et un baptême du feu digne du nouveau TD Coliseum.
Paul McCartney au TD Coliseum de Hamilton, en Ontario, le 21 novembre 2025. Mike Highfield
La séquence la plus marquante de la soirée fut toutefois celle où McCartney, seul sur scène, prit sa guitare acoustique pour interpréter « Blackbird ». Installé sur une estrade qui s’élevait lentement au fil de sa voix, il a rappelé, une fois la chanson terminée, l’avoir composée en plein cœur du mouvement des droits civiques des années 60 — un sens qu’a d’ailleurs souligné Beyoncé dans sa reprise parue l’année précédente sur Cowboy Carter. McCartney en a profité pour raconter comment les Beatles avaient, à l’époque, forcé un promoteur de Jacksonville, en Floride, à déségréguer un public initialement séparé, avant d’exiger qu’aucun concert ne soit désormais donné dans de telles conditions.
Les anecdotes se sont ensuite enchaînées. Après un « Let Me Roll It » tiré de l’ère Wings, ponctué d’une coda empruntée à « Foxy Lady » de Jimi Hendrix, McCartney s’est remémoré un passage du Jimi Hendrix Experience dans un club londonien, offert devant les Beatles et leur entourage avant que la rumeur ne fasse le tour de la ville. Il a également parlé de l’ukulélé de George Harrison, prélude à une superbe version de « Something ».
La soirée s’est achevée sur l’intégralité du medley de la face B de Abbey Road, porté par un final impeccable : « The End ».
TD Coliseum Photo de courtoisie
Le TD Coliseum se présente désormais comme une salle de concert ultra-moderne, parfaitement taillée pour accueillir des spectacles de grande envergure. L’espace abonde en salons et en loges VIP, tandis que les comptoirs de restauration proposent des options très convoitées comme Rizzo’s House of Parm et Matty’s Patty’s — les établissements signés Matty Matheson — ainsi que la première succursale canadienne de Big Chicken, la chaîne de poulet frit de Shaquille O’Neal. Quelques accrocs ont toutefois marqué cette soirée inaugurale : les cartes de débit étaient impossibles à utiliser dans cette enceinte désormais entièrement sans espèces, obligeant les spectateurs à régler par carte de crédit. Un problème qui devrait être réglé rapidement.
Après cette ouverture spectaculaire, le véritable test viendra avec le déploiement complet de la programmation. En collaboration avec Live Nation, la salle a déjà prévu des concerts de MGK, Jonas Brothers, The Offspring, Nine Inch Nails, TWICE, Cardi B, The Guess Who et bien d’autres, sans oublier la cérémonie des prix Juno, qui s’y tiendra en mars prochain. Une conférence de presse, prévue ce lundi 24 novembre, en dévoilera tous les détails.
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Liste de chansons du concert de Paul McCartney au TD Coliseum
1. « Help! »
2. « Coming Up »
3. « Got to Get You Into My Life »
4. « Drive My Car »
5. « Letting Go »
6. « Come On to Me »
7. « Let Me Roll It »
8. « Getting Better »
9. « Let ’Em In »
10. « My Valentine »
11. « Nineteen Hundred and Eighty-Five »
12. « Maybe I’m Amazed »
13. « I’ve Just Seen a Face »
14. « In Spite of All the Danger »
15. « Love Me Do »
16. « Dance Tonight »
17. « Blackbird »
18. « Here Today »
19. « Now and Then »
20. « Lady Madonna »
21. « Jet »
22. « Being for the Benefit of Mr. Kite! »
23. « Something »
24. « Ob-La-Di, Ob-La-Da »
25. « Band on the Run »
26. « Get Back »
27. « Let It Be »
28. « Live and Let Die »
29. « Hey Jude »
Rappel :
30. « I’ve Got a Feeling »
31. « Mull of Kintyre » (avec le Paris Port Dover Pipe Band)
32. « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (Reprise) »
33. « Helter Skelter »
34. « Golden Slumbers »
35. « Carry That Weight »
36. « The End »
