Coldplay qualifie le Rogers Stadium de « stade très bizarre à des millions de kilomètres de la Terre » lors de son deuxième concert à Toronto
Lors de leur deuxième concert sur quatre, mardi soir (8 juillet), le groupe britannique a déclaré : « Nous testons le principe selon lequel « si vous le construisez, ils viendront ». Mais leur majestueux spectacle Music of the Spheres a également mis en valeur les atouts uniques de la nouvelle salle. »

Coldplay au stade Rogers de Toronto le 8 juillet 2025.
Coldplay est monté sur scène mardi soir (8 juillet) pour le deuxième de ses quatre concerts au Rogers Stadium de Toronto, qui avait aussi la particularité d’être le troisième spectacle organisé dans cette toute nouvelle enceinte de Downsview, d’une capacité de 50 000 places.
Pour Erik Hoffman, président de la musique chez Live Nation Canada, Coldplay est d’ailleurs l’une des principales raisons qui ont motivé la construction de ce stade. Pourtant, lors de leurs deux premiers concerts, Chris Martin ne s’est pas montré très tendre avec le lieu. Le premier soir, il l’a qualifié de « stade bizarre en plein milieu de nulle part », et la deuxième soirée, il est allé encore plus loin en le décrivant comme un « stade vraiment étrange à des millions de kilomètres de la Terre ».
« Nous testons juste l’idée que ‘si tu le construis, ils viendront’ », a-t-il lancé avec ironie en introduisant au piano « The Scientist ».
Ce ton moqueur n’a pas aidé la réputation du stade, qui a dû faire face aux plaintes des fans concernant des sièges instables, un manque de points d’eau et de longues files à la sortie. Des améliorations ont depuis été apportées à ces aspects, même si sortir par l’une des deux sorties reste compliqué. Le personnel a été renforcé pour mieux gérer la foule, utilisant des feux clignotants rouges et verts afin d’éviter les embouteillages à la station TTC et GO de Downsview, située à proximité.
Cela dit, l’emplacement un peu isolé a aussi joué en faveur de ces concerts. La tournée « Music of the Spheres », avec ses thématiques célestes, crée un univers à part entière. Le trajet de 45 minutes depuis le centre-ville ne fait qu’accentuer cette impression d’entrer dans un sanctuaire de connexion et de bonne énergie. La production était impeccable, rendant la soirée tout simplement majestueuse.
Coldplay au stade Rogers de Toronto le 8 juillet 2025. Anna Lee
Il s’agissait du 203e concert de cette tournée record, la plus vendue et la plus lucrative de tous les temps. Martin a confié à Toronto que ce n’était en fait que « 202 répétitions ». Lors du premier soir, le groupe avait dû retarder le début du spectacle pour réparer une tour d’éclairage, mais mardi tout s’est déroulé sans accroc.
Feux d’artifice et confettis étaient parfaitement synchronisés, tandis que les bracelets lumineux des spectateurs créaient des symphonies colorées et des cœurs arc-en-ciel. Les lumières de la scène se sont éteintes juste au coucher du soleil, vers 21h20, avant que Martin n’illumine la scène centrale en chantant « You Make My World Light Up » dans « Hymn For The Weekend ». Plus tard, les « lunettes lunaires » distribuées à l’entrée ont généré des cœurs lumineux dansant individuellement pour chaque spectateur, aussi bien dans les gradins que sur la piste.
Mais ce sont surtout les moments de spontanéité qui ont marqué la soirée. Le groupe a créé un lien fort avec son public, improvisant par exemple de petites chansons inspirées des fans affichés sur les écrans. Martin a scruté la foule à la recherche de pancartes, en lisant plusieurs à voix haute. Il a éclaté de rire en découvrant celle d’un spectateur qui expliquait avoir fait tout le chemin depuis le centre-ville de Toronto pour assister au concert. « C’est comme dans Le Seigneur des Anneaux », a-t-il plaisanté.
Il a ensuite invité une fan, Vanna, dont la pancarte disait qu’elle n’était pas assez grande pour voir la scène, mais qu’elle « ressentait tout ». Au dos, elle avait écrit un poème qu’il a lu à voix haute avant de l’inviter à le rejoindre sur scène pour choisir une chanson. Elle a opté pour « Warning Sign », une ballade peu jouée tirée du deuxième album de Coldplay, A Rush of Blood to the Head. Martin a avoué être un peu nerveux, car il ne l’avait pas interprétée depuis longtemps « et 50 000 personnes la regardent ».
Tentant de se souvenir des accords au piano, il a rapidement abandonné et demandé une guitare acoustique. Ne la trouvant pas tout de suite, il a plaisanté en demandant au public de ne pas publier cette partie sur YouTube. Pour compenser, il a improvisé un air et commencé à chanter les paroles du poème inscrit sur la pancarte : « Mon cœur céleste, mon âme libérée / Tu chantes les parties cachées de moi. »
Ce fut l’un des nombreux moments de la soirée destinés à créer du lien avec un public très diversifié. Beaucoup de personnes avaient apporté des drapeaux, et Martin les a chaleureusement salués : Brésil, Sri Lanka, Colombie, Finlande, Inde. Il a aussi accueilli un fan portant un drapeau LGBTQ+, avant de s’en draper pour chanter en soutien à toutes les identités de genre et orientations sexuelles.
Un autre soir, après qu’un spectateur ait brandi un drapeau palestinien, un autre est venu avec un drapeau israélien. « Nous accueillons tout le monde », a-t-il affirmé. « Je suis heureux que les deux camps puissent être ici. » Plus tard, il a salué la foule, composée de personnes de différentes nationalités et religions, rappelant que cela montrait que « tous ces conflits dont on nous parle sans cesse peuvent être dépassés grâce au pouvoir de l’amour et de la solidarité ».
Ce message d’unité universelle, peut-être un peu cliché, est celui que le groupe défend depuis toujours. Avant de lancer « A Sky Full of Stars », Martin a souligné que c’était la première fois que les 50 004 personnes présentes (fans et membres du groupe inclus) se retrouvaient au même endroit. Il a invité tout le monde à poser leur téléphone le temps d’une chanson pour ressentir cette connexion, et à choisir la personne la plus éloignée dans la foule pour lui chanter directement.
Coldplay au stade Rogers de Toronto le 8 juillet 2025. Anna Lee
Par moments, le message du concert s’orientait vers des thèmes ouvertement religieux, notamment avec « We Pray », interprété en première partie par la chanteuse palestino-chilienne Elyanna. Le plus souvent cependant, les chansons abordaient des sujets moins explicitement spirituels, autour d’un thème projeté sur les écrans à la fin du spectacle : « Believe in Love ».
Les fans de Coldplay couvrent plusieurs générations, réunissant parents et enfants. Le groupe a su rester populaire auprès des nouvelles générations grâce à des titres comme « My Universe », leur collaboration avec BTS, que certains jeunes spectateurs chantaient si fort qu’on aurait cru atteindre la Corée du Sud. Pour leur rappel, ils ont entamé avec « Sparks », un morceau des années 2000 devenu viral sur TikTok et entré pour la première fois cette année dans les charts. « La première fois qu’on l’a joué à Toronto, il y avait environ six personnes », ont-ils confié. Aujourd’hui, c’est un véritable tube.
Dans l’ensemble, ce fut un concert très réussi — ou, comme l’a dit Martin, « un merveilleux mardi canadien ».