Certaines des plus grandes figures de la musique mondiale se sont réunies à Toronto, mercredi 11 juin, pour inaugurer la toute première édition du Sommet Billboard, lancé en ouverture de NXNE.
Présenté au TIFF Lightbox, ce premier Sommet Billboard a proposé cinq conversations animées et menées par des artistes, dont un échange marquant entre l’auteure-compositrice-interprète Charlotte Cardin et Derek « Drex » Jancar, PDG d’October’s Very Own.
Au-delà des tables rondes consacrées à l’industrie, l’événement d’une journée a mis de l’avant des musicien·ne·s renommé·e·s et des expert·e·s qui ont partagé leurs passions, leurs processus créatifs, leurs collaborations et les étapes marquantes de leur parcours.
La mairesse de Toronto, Olivia Chow, a ouvert le bal avec un discours soulignant l’importance de NXNE, qui célèbre cette année ses 30 ans, tout en souhaitant la bienvenue au Sommet Billboard dans la métropole.
Le théâtre était rempli de passionné·e·s de musique, de professionnel·le·s du milieu et de jeunes talents émergents — plusieurs étudiant·e·s ont d’ailleurs pu assister gratuitement à l’événement grâce à un partenariat avec l’Université métropolitaine de Toronto (TMU). Les fans de Diljit Dosanjh étaient particulièrement nombreux, impatients d’assister à une rare entrevue sur scène de la superstar Punjabi, également actrice et icône mode.
Voici les moments forts de cette première édition du Sommet Billboard au festival NXNE.
Charlotte Cardin : tracer sa voie et briser les barrières en tant qu’artiste féminine
Charlotte Cardin au Billboard Summit de NXNE le 11 juin 2025 au TIFF Lightbox de Toronto.Porte 24
Originaire de Montréal, Charlotte Cardin repousse les limites depuis près de dix ans, depuis ses débuts dans l’industrie musicale. Bien qu’elle soit entourée d’une équipe majoritairement féminine chez Cult Nation, tant en tournée qu’en gestion, l’artiste souligne qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire.
« Notre industrie n’est pas égalitaire, » a-t-elle affirmé lors d’une discussion avec la personnalité médiatique Tara Slone. « Être entourée de femmes dans cette aventure, c’est quelque chose de spécial et d’essentiel pour moi. »
Avant de devenir une figure incontournable de la scène musicale, Cardin a patiemment bâti son parcours. Après avoir participé à La Voix en 2013, elle a pris trois ans pour sortir un premier EP, puis encore huit autres avant de lancer Phoenix, un premier album encensé par la critique. Fidèle à elle-même, elle a préféré miser sur la constance plutôt que la précipitation.
« Je suis très reconnaissante pour le chemin parcouru, et j’essaie de rester présente à chaque étape », a-t-elle confié.
Aujourd’hui consacrée Femme internationale de l’année par Billboard et régulièrement en tête des classements, Charlotte Cardin incarne une réussite bâtie à son rythme — un message qu’elle tient à transmettre aux artistes de la relève.
Right Hand Co. : quand la musique devient un travail d’équipe
(De gauche à droite) Mame Diagne, Relvyn Lopez, Jordan Holly et Courtney Stewart au Billboard Summit au NXNE le 11 juin 2025 au TIFF Lightbox à Toronto.Porte 24
Parmi la foule présente au Sommet Billboard, plusieurs jeunes aspiraient à faire carrière dans les coulisses de l’industrie musicale. Directeur·trice·s artistiques, expert·e·s en médias sociaux, gérant·e·s — ces rôles sont essentiels au fonctionnement du secteur. Pour Khalid, récemment en couverture de Billboard, l’équipe qui l’entoure chez Right Hand Co. — Courtney Stewart, Mame Diagne, Jordan Holly et Relvyn Lopez — est au cœur de son univers.
« Il faut miser sur ses convictions », a affirmé la fondatrice Courtney Stewart, lors d’une discussion animée par Lola Plaku de Girl Connected, à propos du repérage de nouveaux talents. « Si je repère quelqu’un et que mon équipe y croit aussi, on ira jusqu’au bout. »
De son côté, Relvyn Lopez, directrice marketing, a rappelé que « la musique est un langage qu’il faut savoir comprendre. » Selon elle, une attitude positive, une capacité d’adaptation et une créativité constante sont essentielles, car « chaque journée est différente. »
Au final, c’est la communication et la cohésion d’équipe qui permettent de concrétiser la vision d’un·e artiste.
« Ce qui nous anime, c’est de diffuser une énergie positive et d’inspirer les gens. Il ne s’agit pas d’ego ou de hiérarchie », a conclu Stewart. « On est là pour quelque chose de plus grand que nous. »
deadmau5 et Rezz : transmettre la flamme à la relève de la musique électronique
deadmau5 et REZZ au Billboard Summit au NXNE le 11 juin 2025 au TIFF Lightbox de Toronto.Porte 24
Les vedettes de Billboard Canada, deadmau5 et REZZ, se sont retrouvées sur scène pour une discussion avec Fab Strong autour de leur processus créatif.
Chacun·e s’est imposé·e comme figure incontournable de la musique électronique, reconnu·e pour des productions innovantes et une esthétique visuelle percutante. Ensemble, ils ont aussi collaboré sous le nom de REZZMAU5, livrant plusieurs projets et performances remarquées en festival.
S’ils ont marqué toute une génération d’artistes émergents, deadmau5 insiste : pour lui, rien ne vaut l’authenticité.
deadmau5 au Billboard Summit de NXNE le 11 juin 2025 au TIFF Lightbox de Toronto.Porte 24
« C’est cool de pouvoir inspirer les autres, » a confié deadmau5. « Mais je ne suis pas là pour mener la danse. Je fais les choses à ma façon. Si ça en inspire certain·e·s, tant mieux — d’une manière ou d’une autre, ça finit par prendre forme. Mais je ne suis pas en train de former une armée de producteurs d’EDM. »
REZZ partageait un point de vue similaire. Elle qui a été profondément influencée par deadmau5 est aujourd’hui devenue, à son tour, une mentore pour la relève.
« L’influence de Joel sur moi, et sur tant d’autres, est l’une des plus grandes réussites qu’un·e artiste puisse espérer », a-t-elle affirmé. « Mon but ultime, c’est de continuer à faire évoluer mon univers et d’atteindre le plus haut niveau de créativité artistique avec ce projet. »
« Fake it till you make it » : Derek « Drex » Jancar en parle sans filtre
Derek « Drex » Jancar (à droite) et Tyrone « T-Rex » Edwards au Billboard Summit du NXNE, le 11 juin 2025, au TIFF Lightbox de Toronto.Porte 24
Derek « Drex » Jancar a toujours eu un talent certain pour repérer et soutenir les artistes prometteurs. Dans les années 2000, ce lauréat du Billboard Canada Impact Award a cofondé The Remix Project, un organisme communautaire phare qui accompagne les jeunes de Toronto à travers une programmation ancrée dans la culture hip-hop.
« Le Remix Project a été ma véritable école supérieure », a confié Drex lors d’une discussion avec Tyrone Edwards d’eTalk, lui aussi passé par ce programme. Son expérience chez Remix l’a conduit à prendre un rôle d’envergure mondiale comme PDG d’October’s Very Own (OVO).
Il a appris les fondamentaux de la gestion d’entreprise — des ressources humaines à la budgétisation — en se retroussant les manches et en s’inspirant de ses pairs talentueux. À propos de la courbe d’apprentissage que représente la direction d’une marque aussi influente, Drex conclut : « Ce n’est pas forcément plus facile, mais on finit par s’y habituer. »
Diljit Dosanjh : dépasser les barrières pour devenir une icône internationale
Les fans ont afflué en grand nombre pour voir Diljit Dosanjh, qui a marqué l’histoire en faisant rayonner la culture Punjabi à l’échelle mondiale grâce à ses tournées dans des stades et à sa récente apparition au Met Gala. Lors d’une entrevue exclusive avec Panos A. Panay, président de la Recording Academy et des Grammys, Dosanjh a accordé l’une de ses premières interviews sur scène en anglais.
Diljit a raconté que son entrée sous les projecteurs s’est faite un peu par hasard, après avoir suivi un cours de poésie à l’université avec sa sœur, impressionnant ses camarades par ses mots. Acteur et musicien depuis plus de vingt ans, il a connu un succès fulgurant ces deux dernières années. Sa tournée Dil-Luminati a battu des records, et en 2023, il a donné le premier concert entièrement en Punjabi à Coachella. Un défi, a-t-il confié, mais qui lui a surtout révélé le pouvoir fédérateur de la musique.
« Le public est multiculturel. Ce ne sont pas uniquement vos fans. Ils ne connaissent pas forcément votre musique », a-t-il expliqué. « La première semaine a été difficile. Mais dès le deuxième week-end, même la sécurité de Coachella m’a dit : “Mec, cette fois, on ne veut pas manquer ton concert.” »
Ce moment fut un tournant pour Dosanjh, un moyen de rassembler les peuples de toutes origines. « La musique est un langage qui unit les nations », a-t-il souligné.
Tout au long de sa carrière, Dosanjh a porté fièrement son identité culturelle. Il encourage les artistes émergents à faire de même. « Portez votre culture », a-t-il conseillé. « Si vous voulez vous démarquer, faites-en votre force. »
Panos A. Panay a évoqué la transformation de la culture musicale, où des sons venus des quatre coins du monde révolutionnent la scène mainstream. Il a aussi mentionné une rumeur de collaboration entre Diljit et Shakira.
« Elle m’a demandé de faire une version Punjabi de « Hips Don’t Lie », » a révélé Dosanjh. « J’ai dit oui, ce sera un défi, mais je vais essayer. »
Loin de montrer des signes de fatigue, il surfe joyeusement sur cette vague de succès.
« Je ne ressens aucune pression. Tout se fait naturellement », a-t-il conclu.
