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Vague pendjabie: AP Dhillon mise sur lui-même

La mégavedette mondiale a franchi d’innombrables étapes en trois ans seulement. En entrevue, il raconte de quelle façon il fraie la voie à la prochaine génération d’artistes canadiens d’origine pendjabie.

AP Dhillon

AP Dhillon

Équipe photographique : Ishmil Waterman, Lane Dorsey, Sasha Jairam/Billboard Canada. Stylisme par Veronika Lipatova, Nikita Jaisinghani, Aliecia Brisette. Maquillage et coiffure par Franceline Graham.

AP Dhillon a amorcé sa carrière au sommet. Maintenant, il vise encore plus haut.

En seulement trois ans, il est devenu l’une des plus grandes vedettes pendjabies de l’ère de la diffusion en continu. Brown Munde, son succès viral de 2020 avec Gurinder Gill et Shinda Kahlon, a fait de lui un phénomène viral du jour au lendemain. La chanson, que l’on peut traduire par Brown Boys, a résonné non seulement auprès des gens qui parlent le pendjabi, mais également auprès de la population indienne et de la diaspora partout dans le monde. Sur un rythme trap hypnotique, Dhillon a établi les bases d’un mouvement mondial naissant.


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Aujourd’hui, il est célèbre en Asie du Sud et en Amérique du Nord. Ses chansons se classent régulièrement parmi les meilleurs morceaux sur Spotify en Inde, il a récemment fait la couverture du Rolling Stone India, sans compter que sa ballade With You a fait ses débuts au 42e rang du palmarès Top 100 canadien de Billboard, déclassant Travis Scott. Cette chanson accompagne la série documentaire diffusée sur Prime Video AP Dhillon: First of a Kind , qui relate son ascension fulgurante et sa première tournée canadienne dans tous les stades de son pays d’adoption.

Il est rare que la vie d’un artiste émergent fasse l’objet d’un documentaire, mais celle de Dhillon est unique. C’est l’histoire d’un artiste qui a construit son propre studio, a immédiatement joué devant des foules de plus de 10 000 personnes et a franchi les barrières de l’industrie par ses propres moyens.

MUNDE MARRON - AP DHILLON | GURINDER GILL | SHINDA KAHLON (Clip Officiel)

Dans ton nouveau documentaire sur Prime Video AP Dhillon : First of a Kind, tu parles de l’influence majeure qu’a eue ton père sur ta carrière. Quel genre de musique t’a-t-il fait découvrir?

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J’ai grandi en écoutant différents styles de musique. Pas seulement de la musique indienne. On écoutait aussi de la musique soufie du Pakistan, ou des pays voisins, et de la musique indienne. Je n’ai donc pas grandi en écoutant seulement de la musique traditionnelle pendjabie. Tout ça a inspiré mon propre son.

Après quelques premiers concerts en Inde, tu as amorcé ta carrière musicale au Canada avec une tournée des stades. Comme tu as fait tes débuts sur cette bonne note, est-ce difficile d’imaginer la suite?

Il y a plus de pression. Et on voit encore plus grand. On veut rejoindre encore plus de monde. Il y a donc forcément de la pression. Mais une fois de plus, on va parier sur nous-mêmes et suivre le courant. On prépare une tournée mondiale. Et on sort beaucoup de chansons. Je sortirai probablement l’album au début de l’année prochaine, et quelques extraits [avant cela].

Tu t’es produit sur scène au Canada, aux États-Unis et en Inde, et tu vas désormais jouer ailleurs dans le monde. Est-ce important pour toi que ta musique soit diffusée partout dans le monde?

Ouais, on donnera probablement un seul concert au lieu de plusieurs en Inde. On veut rehausser la production, ajouter plus d’effets, de théâtralité. Offrir au public une meilleure expérience. On veut travailler sur les nombreuses choses qu’on a apprises jusqu’à présent. On veut aller en Australie et retourner au Royaume-Uni. Ça fait un moment déjà qu’on n’y est pas allés. Ensuite, on vise Dubaï. L’Arabie saoudite, le Qatar, puis encore le Canada et l’Amérique.

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L’une des choses qui font que ta musique résonne si bien au-delà des frontières est la façon dont tu parles de l’expérience de la diaspora. Trouves-tu que ça aide à rendre ta musique universelle?

Les paroles et les débits sont simples, faciles. J’ai donc l’impression que les gens du Canada, des États-Unis et du Royaume-Uni peuvent comprendre. Si c’est trop traditionnel, c’est un peu difficile à saisir. Mais en Inde, ce qui est intéressant, c’est qu’il n’y a pas que le public qui parle le pendjabi, il y a aussi de nombreux États. On n’a donné qu’un seul concert au Pendjab, mais on en a donné partout en Inde.

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Une autre dimension s’ouvre à quelqu’un qui comprend la langue et les paroles, mais à ton avis, qu’est-ce qui touche les gens qui ne les comprennent pas?

J’écoute de la musique latine. Je ne comprends pas un seul mot, mais elle me fait vibrer. J’ai l’impression que ça s’applique à notre musique. On est une industrie en pleine croissance. On a atteint ce stade où le mélange des genres finira par se produire. On est le prochain phénomène. Une chanson en pendjabi qui se classerait dans le top 10 du palmarès Billboard mondial, c’est le prochain objectif. On espère y parvenir.

Lorsque tu as joué à New York, Nas est monté sur scène et a affirmé que tu étais « le plus récent et le plus grand artiste sur l’ostie [motherfucking] de planète ». Qu’est-ce que cela signifiait pour toi?

C’est un artiste qui a fait ses preuves, il est là depuis toujours, il fait toujours de la musique, en plus c’est l’un des plus grands. C’était donc flatteur pour moi, mais c’était aussi bénéfique pour notre culture, pour la reconnaissance de notre peuple. Ça m’a semblé encore plus important que le simple fait de renforcer ma confiance en moi. Des gens de l’autre bout du monde qui expriment leur amour — même s’ils ne comprennent pas la langue, ils appuient le mouvement.

Tu as tout fait de manière indépendante avec ta petite équipe chez Run-Up Records. Aujourd’hui, il semble y avoir enfin une certaine adhésion de la part de l’industrie et des maisons de disques, particulièrement au Canada. As-tu l’impression qu’elles saisissent enfin ce qu’il se passe?

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Pas seulement au Canada, mais aux États-Unis également. J’avais l’impression que lorsqu’on leur parlait il y a un an et demi, personne n’y prêtait attention. Maintenant que les gens de l’industrie se sont dit : « oh merde, regarde ce que ces gars ont accompli », ils pourchassent tous les artistes. Tous les artistes indiens, pas seulement au Canada ou aux États-Unis, mais aussi en Inde, se trouvent des agents ou des étiquettes de ce côté-ci du monde.

As-tu l’impression d’avoir frayé la voie? Tu affirmes dans le documentaire vouloir ouvrir la voie aux 20 prochains AP Dhillon. As-tu l’impression d’y être parvenu?

Je n’en parle pas vraiment, mais je pense que oui. Il n’y avait rien qui ressemblait à ce que l’on fait. J’ai l’impression que [notre tournée et notre documentaire] ont inspiré beaucoup de gens, à tel point qu’ils peuvent dire : « Regardez ce qu’ils ont fait sans étiquette. Je peux le faire moi aussi. » Et aujourd’hui, on voit de plus en plus d’artistes mener leur carrière de manière indépendante.

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Ta carrière a explosé avec un son influencé par le hip-hop, mais ta plus récente chanson, With You, est une chanson d’amour plus pop. Décides-tu délibérément d’emprunter différentes directions?

Quand j’ai sorti Toxic et Excuses, toute une vague synthé est arrivée. Beaucoup d’artistes qui m’ont précédé et succédé ont embarqué dans le courant. On n’emprunte simplement pas le chemin battu. On essaie différents genres, différents sons, différents débits. Quelqu’un peut prendre un petit bout de pop, de house ou de quoi que ce soit d’autre, et bâtir sa propre carrière à partir de là.

Lorsque tu fusionnes les genres et les sons, as-tu l’impression qu’un élément distinctif te caractérise? Qui serait un peu ton essence?

C’est juste notre style. Nos compositions, les visuels, c’est notre style. Les deux plus récents clips, c’est moi qui les ai conçus, tournés, montés. C’est donc un autre élément, je dirais. Je dis aux gens : on est plus que de simples chanteurs, il y a une réelle vision derrière tout cela. Et ça prouve aux gens qu’on n’a pas à dépendre de 20 autres personnes pour réaliser ce qu’on veut. Si on veut le faire, on le peut. Si on a assez confiance en soi pour le faire, on peut y arriver.

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Josué Corvil
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