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Alex Lifeson à propos de sa nouvelle musique avec Rheostatics : « Aucune règle, aucune attente »

Sur The Great Lakes Suite, ce collectif de musiciens d’exception accueille aussi Laurie Anderson et le regretté Gord Downie.

Rheostatics. Back L to R: Tim Vesely, Don Kerr, Kevin Hearn, Dave Bidini, Alex Lifeson Front L to R: Dave Clark, Hugh Marsh

Rhéostatique. De gauche à droite, au fond : Tim Vesely, Don Kerr, Kevin Hearn, Dave Bidini, Alex Lifeson. De gauche à droite, au premier plan : Dave Clark, Hugh Marsh.

Chris Wahl

Il y a trente ans, la formation torontoise Rheostatics innovait avec « Music Inspired by the Group of Seven », une œuvre conceptuelle avant-gardiste commandée par le Musée des beaux-arts du Canada en hommage aux peintres paysagistes du début du XXᵉ siècle. Cette pièce abstraite et ambitieuse mêlait improvisation libre et extraits d’archives — dont des conversations enregistrées avec les artistes et avec des figures historiques comme la reine mère Élisabeth Iʳᵉ.

Depuis, une question revenait sans cesse, raconte Dave Bidini à Billboard : « On se demandait toujours : “Comment pourrait-on recréer quelque chose dans cet esprit ?” Puis un soir, littéralement la tête sur l’oreiller, j’ai pensé aux Grands Lacs. »


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The Great Lakes Suite, disponible vendredi 21 novembre, marque le premier album des Rheostatics — lauréats d’un Juno — depuis Here Come the Wolves en 2019. Les sept membres principaux — Bidini, Kevin Hearn (Barenaked Ladies), Alex Lifeson (Rush), Hugh Marsh, Dave Clark, Don Kerr et Tim Vesely — ont enregistré les 18 titres en quatre jours. Hearn et Vesely ont ensuite sculpté de longues improvisations en morceaux plus concis. Plusieurs invités se joignent à eux : Laurie Anderson, Maiah Wynne (du groupe Envy of None d’Alex Lifeson), la chanteuse de gorge inuit Tanya Tagaq et, à titre posthume, Gord Downie (The Tragically Hip).

« Le Canada est un pays vaste, fragmenté, souvent déconnecté. Peu de choses nous unissent vraiment », observe Hearn. « Les Grands Lacs en font partie. C’était une évidence. Le Groupe des Sept peignait les paysages… Pour notre projet, on a choisi de sauter l’étape des artistes et de retourner directement à la source : la nature, celle qui nous a tous façonnés depuis l’enfance. »

Bidini y voit aussi un message transfrontalier. « Vu le contexte géopolitique actuel, c’est important de mettre en avant ce qui relie plutôt que ce qui divise. Les Grands Lacs sont un espace partagé par nos deux pays, un espace qu’on veut protéger ensemble. »

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L’arrivée d’Alex Lifeson a évidemment amplifié la portée du projet, surtout après l’annonce récente de la tournée « Fifty Something » de Rush pour 2026. « Le timing était parfait », reconnaît Bidini. « Quand je lui ai écrit, il m’a répondu qu’il s’était réveillé cette semaine-là en se disant : “Je ne peux pas jouer au golf toute ma vie…” Il avait envie de refaire de la musique. C’était exactement le bon moment pour tout le monde. »

Lifeson, qui a sorti deux albums avec Envy of None (dont Stygian Wavz en mars), confirme. « Je jamme avec les gars depuis des années juste pour le plaisir », dit-il. « Ici, il n’y a aucune règle, aucune attente : juste la liberté de jouer ce que mon imagination me souffle. Je me fiche du résultat final — je suis dans l’instant. C’était totalement spontané. » Son énergie a galvanisé le collectif.

« Il s’est comporté comme un grand frère, musicalement et humainement », raconte Hearn. « Très discret, toujours juste, toujours bienveillant… Et puis il y avait ces moments où il s’envolait complètement. On se regardait, casque sur les oreilles, et on se disait : “C’est lui. C’est lui. » »

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Lifeson a aussi vécu quelques surprises, notamment la performance viscérale de Tanya Tagaq sur « Tasiq ». « Je les ai présentés, ils ont discuté tranquillement, mais Alex ne savait pas du tout ce qui allait se passer », se souvient Hearn. « La voir se transformer en créature aquatique, hurler, grogner, pousser des harmoniques qui faisaient vibrer tout le studio… Son visage s’est illuminé. Une fois terminé, il s’est tourné vers moi et m’a dit : “Je l’adore.” »

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« Il n’y a ni règles ni attentes », répète Lifeson à propos des sessions, lui qui a aussi co-mixé « Lake Michigan Triangle » avec Wynne. « On arrive, on se fait une accolade, on installe le matériel et dès que ça sonne, on joue. Rush ou Envy of None demandent des approches studio beaucoup plus codifiées. Ici, c’était l’exact opposé. »

Une première session d’essai avait eu lieu il y a un an et demi — un moment que, selon Hearn et Bidini, personne n’avait pensé à enregistrer. « Il n’y avait aucun plan. On s’est juste retrouvés pour faire du bruit », sourit Bidini. Hearn ajoute : « À partir de là, on s’est dit : “C’est comme ça qu’on doit faire… mais la prochaine fois, on l’enregistre.” Il a fallu six mois pour organiser une vraie session. »

Les Rheostatics ont finalement passé quatre journées complètes en studio, accumulant plus de 20 heures de musique — une matière brute façonnée ensuite en un album qui revisite, trente ans plus tard, leur goût pour l’expérimentation pure.

« Chaque improvisation durait entre 10 et 20 minutes », explique Hearn. Il a commencé à écrire « The Inland Sea », le morceau qui clôt l’album, à Duluth, au Minnesota, près des rives du lac Supérieur, alors qu’il était en tournée avec les Barenaked Ladies. L’inspiration lui est venue en partie d’un ouvrage de l’artiste marin du Michigan Robert McGreevy, The Lost Legends of the Lake, dont plusieurs illustrations apparaissent dans le vidéoclip. « J’ai passé des jours à tout réécouter et à prendre des notes. Certains passages se détachaient nettement du reste, et Tim Vesely a commencé à les façonner. »

Bidini renchérit : « L’un des grands défis de cet album, c’était la fluidité et l’enchaînement des pièces. Parfois, on enregistrait 18 minutes parce qu’il nous en fallait 14 pour atteindre le cœur du morceau. Mais je pense qu’on a réussi ce qu’on voulait faire : que l’album se vive comme un voyage. »

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La suite intègre aussi des textes déclamés, notamment par Stacey LaForme — professeure et ancienne cheffe de la Première Nation des Mississaugas de New Credit — et par Neil O’Donnell, l’oncle de Hearn, géologue. Quant au texte de Downie pour « The Drop Off », il provient d’une allocution prononcée lors d’une levée de fonds de Lake Ontario Waterkeeper, un organisme torontois dédié à la justice environnementale. « Je me souviens de l’avoir entendu, et ça m’avait profondément marqué », raconte Bidini. « Peu de gens connaissent Downie comme orateur. C’était en dehors du cadre musical, et il ne prenait pas souvent la parole en public. Mais il avait une présence incroyable devant une salle. Il a toujours milité pour la protection de l’eau et pour sensibiliser le public — en particulier autour des lacs. C’était un fil conducteur, une histoire à mettre en lumière. Et si ce témoignage contribue à éveiller les consciences, alors sa voix peut encore servir le bien commun. »

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Rheostatics se réunira vendredi et samedi au TD Music Hall de Toronto pour célébrer la sortie de The Great Lakes Suite, accompagnée de projections visuelles créées spécialement pour l’occasion. Hearn souligne qu’il reste suffisamment de matériel inédit pour imaginer de nouvelles pièces par la suite. Malgré des horaires chargés, les membres principaux du groupe espèrent que ce ne sera pas la dernière occasion de voir The Great Lakes Suite sur scène.

« On espère vraiment pouvoir présenter ce projet ailleurs au fil du temps », confie Bidini. « C’est d’ailleurs l’une des propositions d’Alex : il nous a dit, “Je ne sais pas si j’ai le temps d’apprendre tout l’album” — il est très occupé, comme nous tous. On s’est alors rendu compte que l’un des grands plaisirs de la création, c’était justement de bâtir quelque chose à partir de rien. Donc on va reprendre cette idée sur scène : créer et improviser sur le moment, et voir où ça nous mène. »

Cet article a d’abord été publié par Billboard US.

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