Vague pendjabie : Gurinder Gill est la nouvelle voix percutante du hip-hop
L’insaisissable artiste britanno-colombien qui brille désormais en solo se confie sur son passé, son présent et son avenir.
Gurinder Gill s’est lancé en solo, entraînant par la même occasion le hip-hop pendjabi vers de nouveaux sommets.
En 2019, le monde a découvert le débit signature du chanteur et rappeur de 27 ans grâce à son premier morceau, Faraar, réalisé avec ses habituels collaborateurs AP Dhillon et Shinda Kahlon. Mettant au premier plan des paroles effrontées en pendjabi et des métaphores évasives sur un rythme trap mélodique, la vidéo de la chanson a accumulé près de 60 millions de vues sur YouTube. Depuis, Gill a connu une ascension fulgurante, produisant des succès mondiaux comme le classique de trap pendjabi Brown Munde, le succès pop estival Excuses et le morceau suave et édifiant Insane. Ils ont recueilli des milliards d’écoutes de par le monde.
Après avoir participé à des concours de chant au Pendjab et improvisé de la musique dans des soirées de sous-sol, Gill se produit désormais dans des stades bondés, soutenu par une relativement petite équipe chez Run-Up Records. Aussi rapide que puisse paraître son ascension vers la gloire, Gill affirme que son parcours n’a pas été facile.
« On ne peut pas dire que j’ai connu le succès du jour au lendemain, assure-t-il. Quand on a commencé à prendre cela au sérieux, ç’a demandé beaucoup de travail. On devait tout faire par nous-mêmes : vidéos, musique, graphisme. Il n’y avait que quatre ou cinq personnes qui couraient partout en essayant de faire bouger les choses. »
Des admirateurs du monde entier ont récemment conjecturé sur le sort de Gill lorsque ce dernier s’est fait moins présent sur les réseaux sociaux et a abandonné la majeure partie de la tournée nord-américaine d’AP Dhillon, malgré une fructueuse collaboration passée.
« Tout le monde se demandait : “Où est GG?”, où est ceci, où est cela, dit-il. Mais les gens ignoraient que beaucoup de choses se passaient en coulisses. »
En juin dernier, Gill est revenu sous les projecteurs en sortant Hard Choices, un premier album solo audacieux et assumé. Il s’abandonne complètement au fil de sept morceaux distincts d’un brillant lyrisme et sur lesquels résonne sa voix empreinte d’émotion. Bien que son projet l’ait propulsé dans les hautes sphères du succès, Gill garde les pieds sur terre.
« Quand on part de zéro, on sait d’où on vient, dit-il. C’est une bénédiction de faire partie de ce projet. Ça a juste commencé comme un passe-temps et, maintenant, ça va plus loin. »
À quand remonte ton envie de faire de la musique?
Quand je vivais au Pendjab, je participais à des concours de chant à l’école. Je pensais que je pourrais être un artiste et j’adorais chanter. Quand je me suis établi au Canada, après le travail ou après l’école, on faisait la fête entre amis et on chantait souvent. Mais ce n’était pas très sérieux. Mais, peu à peu, on a commencé à prendre ça plus au sérieux. J’ai terminé mes études en novembre 2019 et j’ai sorti ma première chanson, Faraar. Elle est devenue virale. C’était juste amusant.
Voir le projet prendre de l’ampleur, ça a dû être fou. Comment t’es-tu adapté?
Je regarde en arrière et j’apprends. Qu’est-ce qu’on n’a pas été capable de faire dans cette chanson? Comment est-ce qu’on peut améliorer la prochaine? Quelques personnes nous aident, mais c’est à peu près tout. Je n’ai toujours pas de grosse équipe. Mais on essaie de faire en sorte que ça marche d’une manière ou d’une autre. À l’époque, je n’avais pas mon droit d’immigration, ce qui a aussi fait partie du problème.
Ton son sur Hard Choices va du pur hip-hop à la vulnérabilité, aux émotions. Quels artistes ont inspiré ton son?
J’écoute de la musique en tous genres. Lil Baby m’a vraiment inspiré. Beaucoup d’autres artistes hip-hop aussi, j’écoutais beaucoup 50 Cent. J’écoutais aussi des artistes pendjabis, comme Nusrat Fateh Ali Khan et Kuldeep Manak.
L’un des thèmes de ton plus récent album est la motivation personnelle. Est-ce important pour toi et ton processus?
Ouais, surtout sur Wake Up. C’est pour aider chaque fois qu’on se sent paresseux. On peut mener à bien tout ce qu’on fait, peu importe ce que c’est. Suffit de persévérer. J’ai commencé la boxe il y a quelques années. À partir de là, j’ai pensé transmettre le message qu’on peut réaliser ce qu’on veut dans la vie. Tout type d’idée ou de vision, tout ce qu’on veut accomplir : il faut foncer sans trop réfléchir.
Sidhu Moose Wala faisait partie de ces artistes dont le travail résonnait chez les gens du monde entier. Comment son travail t’a-t-il influencé?
Il a eu une grande incidence sur les gens. Il a suivi le même processus de base que nous ; je suis arrivé en tant qu’immigrant, j’ai étudié, j’ai commencé à exercer d’autres métiers, puis on trouve sa passion et on commence à se concentrer là-dessus. Ça prend du temps. Ce n’est pas facile, on ne sort pas de nulle part pour ensuite se retrouver à la une des journaux.
Vous étiez tous deux immigrants, mais aussi étudiants internationaux. C’est une expérience vraiment singulière.
C’est parce que tout le monde n’est pas là pour nous soutenir. On doit s’assurer que tout est sur la bonne voie, on doit faire attention à beaucoup de choses par soi-même. Il est une perte énorme. Il a collaboré avec beaucoup de grands artistes, et sa musique vivra éternellement. C’est le cadeau que les gens reçoivent des artistes. La musique est éternelle.
Est-ce ce que tu ressens à l’égard de ta musique, que tu vivras éternellement à travers elle?
C’est le but. Tout le monde va partir un jour, tout est temporaire. L’art est la seule chose qui vivra éternellement, si c’est bon.
Quel sera ton héritage selon toi?
En ce moment, je suis encore en train de le comprendre. C’est notre histoire. Mon héritage est mon histoire.